Lors de la conférence de presse à l'issue du Grand débat national, Emmanuel Macron a déclaré que l'espace Schengen ne fonctionnait plus, laissant entendre que les États qui rejetaient les quotas de redistribution des migrants devraient quitter la zone commune. Par ailleurs, le Premier ministre suédois Stefan Löfven a proposé en amont d'imposer des sanctions aux pays de l'UE qui refusaient d'accueillir des réfugiés sur leur sol.
«La tentative de partager le fardeau des migrants, en imposant des quotas aux pays membres de l'Union européenne, notamment des quotas d'accueil de réfugiés des régions en conflit, a échoué dans le passé en raison notamment de la résistance opposée particulièrement par les États d'Europe orientale, tels que la Hongrie et la Slovaquie», a rappelé à Sputnik Gino Raymond, professeur d'études françaises modernes à l'université de Bristol.
Selon l'interlocuteur de l'agence, si l'idée annoncée par le Président français prenait forme, cela risquerait d'exacerber des relations déjà tendues sur le problème des réfugiés au sein de l'UE. En même temps, il est peu probable que les pays, comme la Hongrie, qui s'opposent à la politique des «frontières ouvertes» de Bruxelles reculent.
«L'UE, en particulier le groupe de ses membres fondateurs, ne cessera d'insister sur ce qu'elle considère être sa mission historique, celle d'assurer la paix, la démocratie et la prospérité sur le Vieux Continent. Mais les chances de remplir cette mission avec succès deviennent de plus en plus vagues. […] À chaque fois qu'il y a une augmentation de la migration provoquée par une crise dans une région quelconque, un manque de cohésion au sein de l'Union européenne se manifeste», a-t-il relevé.
Et de supposer qu'une crise de l'UE se profilait à l'horizon.
«Depuis quelque temps, Macron s'applique à concilier ses deux ambitions: être un grand leader international qui fasse avancer le projet européen et rassurer les citoyens de son pays qui, pour diverses raisons, se sentent menacés par une plus grande intégration européenne», a constaté M.Raymond.
Selon l'interlocuteur de Sputnik, à l'approche des élections au Parlement européen, Emmanuel Macron cherche à convaincre son électorat qu'il peut s'attaquer au problème de la migration face à la montée en puissance du Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen.
Les élections au Parlement européen de 2019 en France auront lieu le 26 mai. Les Français voteront pour les membres de la 9e délégation française au sein du corps législatif de l'UE dans le cadre des élections qui se dérouleront dans l'ensemble du bloc, du 23 au 26 mai 2019.