L'Agence nationale de la sécurité (NSA) américaine a recommandé à la Maison-Blanche de mettre fin au programme de surveillance téléphonique, estimant que ce programme controversé, qui rassemble des métadonnées sur des textos et des appels téléphoniques nationaux, était devenu trop contraignant pour continuer à fonctionner.
«Il est évidemment bien que l'Agence nationale de la sécurité américaine ait recommandé à la Maison-Blanche d'abandonner ce programme anticonstitutionnel, mais sa fermeture ne changera rien à long terme», a déclaré à Sputnik Bill Binney, lanceur d'alerte et ex-directeur technique du renseignement des États-Unis.
Et d'expliquer que ce programme ne signifiait rien à cause des données absolument redondantes, voire superflues.
Selon M.Binney, comme ce programme de métadonnées est fondamentalement anticonstitutionnel dès le début, les données sont toujours collectées en masse, désormais par d'autres moyens, tels que notamment la surveillance en amont.
D'après la Electronic Frontier Foundation, la surveillance en amont implique des sociétés de technologie comme AT&T et Verizon exploitant des câbles à fibres optiques de grande capacité qui acheminent le trafic Internet, puis copient et trient les données avant de les transmettre aux représentants du gouvernement américain.
«Cela permet de récupérer tout ce qui se passe en amont aux États-Unis et dans le monde et de rassembler le tout sur les fibres. Cela signifie qu'on reçoit tous les appels téléphoniques, tous les courriels, tous les chats et tout le reste de ce programme, en se passant de transfert massif de métadonnées […] Ainsi, la NSA ne perdra rien en renonçant au programme de collecte de métadonnées redondantes», a relevé l'interlocuteur de Sputnik.
Et d'expliquer que ce programme fournissait par ailleurs «beaucoup trop de données», et les professionnels ne pouvaient tout simplement jamais rien trouver de significatif dans une telle masse d'informations plutôt insignifiantes.
Le programme de surveillance des données téléphoniques a été mis en place en 2001, après les attentats du 11 septembre. Il avait pour but de collecter les appels des citoyens américains, mais surtout des étrangers. Dénonçant la surveillance de masse, Edward Snowden, ancien analyste de la NSA, a divulgué au public ce programme de collecte de données, contraignant ainsi le Congrès à mettre en place un nouveau système. Celui-ci oblige les agences fédérales à obtenir préalablement une autorisation du tribunal avant de demander des informations aux entreprises de télécommunications.