Au Québec, l'arrivée du printemps n'est pas toujours synonyme de joie de vivre. Chaque année, la fonte des neiges fait déborder des cours d'eau, provoquant des inondations plus ou moins importantes. Les riverains se souviendront particulièrement de 2019. Depuis quelques jours, plusieurs régions québécoises connaissent des inondations historiques. 1.500 personnes ont dû été évacuées un peu partout dans la Belle Province. Les dégâts matériels se chiffrent déjà à des dizaines de millions de dollars canadiens.
L'une des villes les plus gravement touchées est Sainte-Marie de Beauce, dans la région de Chaudière-Appalaches, au sud de la ville de Québec. Le 23 avril dernier, députés et maires concernés, de même que des représentants de l'armée, se sont entretenus avec la Vice-Première ministre et ministre de la Sécurité publique du Québec, Geneviève Guilbault. Le gouvernement du Québec a promis de soutenir financièrement les sinistrés.
«Ici à Sainte-Marie, nous en sommes environ à 795 personnes évacuées, 980 résidences touchées par les inondations. Alors, évidemment, ce sont des inondations majeures», a précisé la Vice-Première ministre et ministre de la Sécurité publique du Québec en conférence de presse.
Après le point de presse qui a clôt la rencontre, la numéro 2 du gouvernement Legault s'est rendue sur le terrain, escortée par des membres des Forces armées canadiennes. Mme Guilbault a profité de son passage pour visiter quelques sinistrés de cette ville de 14.000 habitants. Comme les députés qui l'accompagnaient, elle n'en était pas à son premier passage dans la région depuis le désastre.
Près de 1.000 militaires ont été déployés sur l'ensemble du territoire pour prêter main-forte à la population. Le niveau des eaux a baissé à plusieurs endroits, mais la météo pourrait causer d'autres inondations dans les prochains jours. La vice-Première ministre a invité les gens à respecter les consignes qui leur sont données par les autorités.
«Notre seule priorité à l'heure actuelle, c'est la sécurité de tous nos citoyens», a martelé Mme Guilbault.
Des chercheurs estiment que les changements climatiques favorisent la récurrence des inondations au Québec. C'est notamment le cas de l'organisme Ouranos, qui insiste sur l'importance de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Répondant aux questions de Sputnik, la Vice-Première ministre a assuré que son gouvernement prenait la question très au sérieux.
«Le Premier ministre l'a dit dans son discours inaugural: nous ferons partie de la solution pour lutter contre les changements climatiques. Nous avons inclus des sommes record en environnement dans notre tout nouveau budget. […]
Oui, nous sommes très préoccupés par l'environnement, et cette nouvelle mesure […] reflète en tous points cette conscientisation que nous avons aux changements climatiques, tout en étant parfaitement lucides quant aux retombées de ce phénomène en matière d'inondations récurrentes», a répondu à Sputnik France la Vice-Première ministre et ministre de la Sécurité publique du Québec.
Pourtant, depuis son arrivée au pouvoir en octobre 2018, certains groupes écologistes critiquent vertement le gouvernement Legault. Ils accusent son parti, la Coalition Avenir Québec (CAQ), de prioriser la relance économique et le dossier de la laïcité. Paradoxalement, les dernières inondations sont parfois l'occasion pour le gouvernement de faire valoir son plan environnemental:
«On peut raisonnablement penser que les inondations ne disparaîtront pas à court terme. On l'a vu dans les dernières années. 2017, on en reparle souvent, parce qu'on a eu des inondations historiques qui ont traumatisé beaucoup de gens. On en a encore beaucoup cette année [des inondations, ndlr]. Je pense qu'on est rendu là, d'avoir des mesures qui tiennent compte du fait que les gens peuvent être tannés [lassés, ndlr] d'être inondés année après année», a ajouté Geneviève Guilbault.
Le Centre sportif Caztel, où a eu lieu la conférence de presse, été transformé en centre d'hébergement temporaire. Un peu partout au Québec, des établissements publics sont mis à la disposition des sinistrés. Les autorités leur servent des repas et leur fournissent des vêtements. Des cliniques sont mises sur pied et des activités sont organisées pour les enfants. La Croix-Rouge assure également une présence régulière.
La coordonnatrice aux événements du centre Caztel, Danièle Labbé, a confié à Sputnik que plusieurs familles défavorisées avaient dû quitter leur domicile. À Sainte-Marie, des gens de tous les milieux sont touchés, mais le phénomène touche davantage les classes populaires, installées plus près de la rivière Chaudière. Une réalité que doivent aussi prendre en compte les autorités.
«Malheureusement, ce sont des quartiers moins favorisés qui ont surtout été touchés à Sainte-Marie. Il y a encore beaucoup d'inquiétude. Par contre, on peut voir une belle solidarité dans la communauté, il y a plusieurs organismes qui s'activent», observe cette résidente qui a eu la chance de ne pas être touchée par les inondations.
Les autorités resteront à l'affût de la montée des eaux dans les prochains jours, en espérant un rapide retour à la normale.