Grâce à ses technologies révolutionnaires, le K-64 était capable d'éliminer n'importe quelle cible en mer tout en restant intouchable. Les torpilles qui existaient à l'époque ne pouvaient simplement pas rattraper «Alpha» (codification que lui avait attribuée l'Otan), écrit le quotidien Rossiïskaïa gazeta.
Le seul armement embarqué par le sous-marin était constitué de six torpilles situées à l'avant. Le bâtiment avait été conçu pour chasser les sous-marins ennemis et pour les duels. Dans l'aviation, ces appareils portent le nom de chasseurs. Le Lira était également un chasseur, mais sous-marin. Sa coque aérodynamique faisait penser à un grand prédateur marin. Un décret spécial du conseil des ministres avait autorisé le bureau d'étude 143 de Saint-Pétersbourg (actuellement bureau Malakhit) à s'écarter des normes de construction navale militaire si une telle nécessité était fondée. Et les ingénieurs ont rempli leur mission.
Создание подлодки проекта 705 "Лира". Фото https://t.co/IOgMWJys8h pic.twitter.com/uMrcTkhikV
— Ivan O'Gilvi (@o_gilvi) 21 avril 2019
Le réacteur nucléaire, qui fonctionnait sur la base d'un fluide caloporteur métallique, était capricieux et créait de nombreux problèmes de maintien de température. En revanche, le sous-marin atteignait sa vitesse maximale en moins d'une minute. Sous l'eau, il naviguait à une vitesse de 41 nœuds, soit 76 km/h. Il pouvait échapper à n'importe quelle torpille et plonger jusqu'à 450 mètres de profondeur. Le système de propulsion était compact et léger, mais la complexité de la structure du Lira est entrée dans les annales. Les soudeurs virtuoses du chantier Sevmach tordaient les électrodes et utilisaient des miroirs pour réaliser des soudures entre les tuyaux et les câbles emmêlés.
«Quand le sonar n'est pas contrôlé par un matelot-opérateur mais un capitaine de corvette expérimenté et aguerri, il détecte des cibles qu'aucun matériel électronique n'est capable d'identifier», explique Alexeï Potekhine, qui a commandé un Lira pendant huit ans.
L'équipage a été réduit grâce à l'installation de systèmes automatisés à grande échelle. Le K-64 est devenu le premier sous-marin doté d'un système d'information et de contrôle de combat. Il surveillait la situation autour et l'état du réacteur, tandis que le sonar actif et l'armement fonctionnaient de manière autonome — même la cambuse était mécanisée. L'équipage du sous-marin était exempt de garde dans les compartiments: toutes les informations parvenaient au poste central rempli d'indicateurs, du pont jusqu'au vaigrage. Les compartiments étaient périodiquement inspectés et le quart opérationnel se composait de seulement huit hommes.
Les torpilles pneumo-hydrauliques spécialement conçues pour le K-64 permettaient de tirer quelle que soit la profondeur. La coque non magnétique du sous-marin était recouverte d'un revêtement spécial absorbant les signaux des sonars. Même détecté, le Lira pouvait échapper à une attaque en accélérant ou en manœuvrant; avant de lancer lui-même une attaque en faisant un demi-tour en moins d'une minute.
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Pendant leur exploitation, ces sous-marins ont pas mal gâché la vie aux sous-mariniers américains. Ils sortaient dans les zones de garde opérationnelle des sous-marins stratégiques américains, trouvaient l'ennemi et ne le lâchaient plus. La propulsion révolutionnaire du Lira faisait beaucoup de bruit malgré tous les amortisseurs, et les sous-mariniers américains savaient qu'ils étaient dans leur ligne de mire. Mais ils n'y pouvaient rien. Les missions de garde y étaient très nerveuses.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.