«Nous, les Équatoriens, nous en avons honte»: un ex-ministre sur l'arrestation d'Assange

© AP Photo / John StillwellRicardo Patino avec Julian Assange
Ricardo Patino avec Julian Assange - Sputnik Afrique
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Dans un commentaire accordé à Sputnik, un ancien ministre équatorien est revenu sur l'arrestation de Julian Assange à l'ambassade d'Équateur à Londres, qui est «un outrage à la dignité de l'Équateur» et «de l'arbitraire», ainsi que sur la politique du gouvernement et du Président du pays Lenin Moreno qui est «sous l'emprise de la CIA».

L'ex-ministre équatorien des Affaires étrangères, Ricardo Patino, a commenté pour Sputnik l'expulsion de Julian Assange, la position de l'administration Moreno et le mandat d'arrêt délivré contre lui.

Ainsi, il est revenu sur l'arrestation du fondateur de WikiLeaks, que la police est venue chercher le 11 avril à l'ambassade d'Équateur à Londres.

«C'est un outrage à la dignité de l'Équateur, c'est de l'arbitraire que de permettre à la police britannique de pénétrer dans notre ambassade et de sortir, de traîner dehors un homme à qui nous avions accordé l'asile», a-t-il souligné.

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Ricardo Patino a indiqué que, selon la Constitution nationale et les accords internationaux, il était interdit d'expulser Julian Assange, «c'est le principe de non-refoulement».

Pour l'ancien ministre, le gouvernement de Lenin Moreno «a commis une illégalité flagrante du point de vue juridique, ainsi que du point de vue de la dignité et de l'indépendance dans les relations internationales de l'Équateur, qui s'est rendu comme un vassal. Nous, les Équatoriens, nous en avons honte.»

Parlant de l'administration Moreno, il a affirmé que le Président était «sous l'emprise de la CIA».

«Tout ce que fait Moreno n'est qu'une tentative pour détruire complètement ce que nous avions construit. Nul doute que c'était programmé et que cela l'a été avec la participation de la CIA. Il [Lenin Moreno, ndlr] n'est pas assez intelligent pour inventer quelque chose du genre, ce qui signifie que c'est une affaire de l'ambassade des États-Unis.»

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Dans ce contexte, Ricardo Patino a rappelé qu'un responsable de l'ambassade était actuellement «le visiteur principal de l'administration Moreno, qu'il lui rendait visite partout et toujours et qu'il était invité à toutes les réunions. Tandis que sous notre gouvernement, il se limitait à remplir ses fonctions. Il restait dans son ambassade et remplissait sa mission sans donner d'ordres à notre gouvernement national sur ce que nous devons faire.»

Toujours selon l'ex-ministre, il est évident, et «ceux qui sont proches des couloirs de la présidence nous l'ont confirmé», que le gouvernement équatorien attendait la visite de plusieurs responsables états-uniens, notamment du vice-Président Mike Pence, pour examiner plusieurs problèmes.

«Ils se sont entendus sur trois choses: livrer Assange, persécuter le Venezuela et adopter une attitude agressive envers ce pays, ainsi que détruire l'intégration sud-américaine. Ce qu'ils ont pratiquement réalisé puisque sept pays à gouvernements de droite ont détruit l'UNASUR [l'Union des nations sud-américaines, ndlr] et ont créé un écran pour les cabinets de droite en Amérique du Sud en échange du soutien économique, d'un simple crédit. Telle est la réalité.»

Ricardo Patino est également revenu sur le mandat d'arrêt délivré contre lui à la suite d'un discours qu'il a prononcé.

Dans ce discours, «j'ai appelé nos partisans à accompagner le peuple dans les rues […] pour dénoncer le caractère néfaste de la politique économique et sociale du gouvernement de Lenin Moreno en Équateur», a-t-il précisé.

En fin de conversation, il a remercié Sputnik qui est «un canal alternatif dont nous avons besoin après une telle quantité d'informations partiales et altérées par d'autres» médias mondiaux.

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L'agence Associated Press (AP) avait précédemment annoncé que la justice équatorienne avait ordonné l'arrestation de l'ancien ministre. Ce dernier a indiqué pour sa part qu'il avait quitté l'Équateur et se trouvait «sur un autre territoire» sans donner plus de détails.

Certains médias ont affirmé que Ricardo Patino serait allé au Pérou, puis au Mexique, a ajouté AP.

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