L'ancien président du Conseil constitutionnel, Jean-Louis Debré, dont le père, l'ancien Premier ministre Michel Debré, a été à l'origine de la création de l'ENA en 1945, a commenté sur Europe 1 les rumeurs qui circulent autour de la suppression par Emmanuel Macron de cet établissement.
Selon lui, seules deux personnes dans l'histoire de France ont voulu supprimer l'ENA: Napoléon III et Macron.
«J'ai pensé à tous les républicains, car l'École d'Administration a été créée par la République, pour la République, pour les républicains. C'est Hippolyte Carnot qui, lors de la Seconde république, a créé l'ENA. Napoléon III la supprime (quelques mois après son ouverture. Ndlr). C'est le Front populaire qui recrée l'ENA, on l'arrête après. En 1981, François Mitterrand, les ministres communistes, maintiennent l'ENA. Et alors tout d'un coup, il y a quelqu'un qui va la supprimer. Finalement il y aura deux personnes qui l'ont supprimée ou veulent la supprimer: Napoléon III et Macron», a déclaré Jean-Louis Debré sur Europe 1.
En outre, selon lui, cette annonce est «une astuce politique intelligente».
«Depuis quelques jours, on ne parle pas de ce qui est souhaité par les Français, c'est-à-dire une amélioration de la fiscalité. On parle de l'ENA. […]On polarise sur un autre sujet pour que tout le monde le discute et pour qu'on oublie que dans le discours que le Président n'a pas fait, il n'y avait rien, en fait», ou «pas grand-chose», a-t-il jugé.
Le projet d'allocution qu'Emmanuel Macron devait prononcer le lundi 15 avril, finalement annulée en raison de l'incendie à Notre-Dame, a été consulté par l'AFP. Il s'avère que le Président s'apprêtait, entre autres, à supprimer l'ENA, l'établissement dans lequel ont étudié quatre présidents de la 5ème République (Emmanuel Macron, François Hollande, Jacques Chirac et Valéry Giscard d'Estaing).
«Nous avons besoin d'une élite, de décideurs», estime pourtant Emmanuel Macron, qui souhaite qu'on donne «à tous nos jeunes leur chance en fonction uniquement de leur mérite et pas de leur origine sociale ou familiale», selon le document.