Le choc de la vision des flammes léchant les vieilles pierres de la cathédrale Notre-Dame de Paris est passé, les premières déclarations politiques ont fait le tour des petits écrans, les polémiques de toutes sortes commencent à enfler… il est temps d'examiner la marche à suivre pour que ce joyau de l'architecture gothique renaisse de ses cendres.
«À partir de l'état sanitaire, on a la liste des travaux à mener, explique à Sputnik Bruno Lestrat. Parmi les vitraux et le mobilier abîmés, on va essayer de récupérer le maximum de pièces pour essayer de les restaurer.»
Très rapidement, la directrice générale de l'Unesco, Audrey Azoulay, a assuré à l'AFP que l'organisation internationale était «aux côtés de la France» et a proposé également d'«organiser la solidarité internationale.»
«Les travaux peuvent être dirigés par une commission, confirme Bruno Lestrat. Il est indispensable qu'elle soit entourée de spécialistes des différents corps de métiers. Avant tout, on va rechercher les compétences. Une chose est sûre: sur-le-champ de compétences nécessaires a la restauration d'un tel monument, on a tout ce qu'il faut en France.»
Si la réalité diffère bien sûr de cette légende urbaine, elle illustre néanmoins la difficulté de disposer de pièces exceptionnelles nécessaires à la reconstruction de la charpente de Notre-Dame. Celle que l'on appelait «la forêt» était longue de 100 mètres, large de 13 et haute de 10. elle était l'une des plus anciennes charpentes de France. Les arbres nécessaires à sa résurrection sont des chênes de 150 à 200 ans et d'un diamètre de 2 mètres à 2,50 mètres.
«On peut trouver des chênes avec ces caractéristiques en France, mais ils ne seront pas tous dans la même forêt. Là réside toute la difficulté», détaille Bruno Lestrat.
«Il y a plus de chances de tenir les délais si on part sur une charpente métallique ou en béton, que si on partait sur une charpente en bois. On ne peut pas déterminer précisément pour l'instant la durée des travaux. Tout dépend de l'étendue des dégâts et des choix qui seront opérés.»
«Cinq ans, ça paraît très court, mais, pourquoi pas, tout dépend de comment ça va être traité. Pour la charpente en bois, avec une coordination des charpentiers assez large, si l'ensemble des travaux est bien tronçonné et chacun réalise bien son travail, ça peut se faire.»
Les amoureux du patrimoine s'inquiètent par ailleurs: une restauration rapide et efficace de Notre-Dame n'aboutirait-elle pas à «déshabiller Paul pour habiller Jean»? Sachant que les dons affluent massivement, les financements extérieurs devraient suffire à assurer les travaux sans puiser dans les crédits alloués à d'autres chantiers, estiment les plus optimistes.
«Mais si on n'a pas assez d'argent, cela va être prélevé sur des projets en cours ou qui devaient se mettre en place, rectifie Bruno Lestrat. Et cela ne concerne pas seulement les moyens financiers, mais également techniques et humains.»
«À notre échelle, c'est réalisable. La preuve, on le fait depuis vingt ans, explique Bruno Lestrat, qui nuance aussitôt. Est-ce que l'État français aura la volonté de mettre en place un tel dispositif sur un chantier à grosse responsabilité comme Notre-Dame? Il faut encadrer, gérer, assurer la maîtrise d'œuvre…»
En attendant une éventuelle décision sur la participation de volontaires, quatre organismes —la Fondation Notre-Dame, la Fondation du Patrimoine, la Fondation de France et le Centre des musées nationaux- sont chargés de collecter les dons pour la reconstruction de Notre-Dame de Paris directement ou via un site Internet lancé par le gouvernement.