Au moins depuis 2015, la France est impliquée de manière discrète dans le renforcement du maréchal Haftar qui, selon elle, pourrait rétablir l'ordre en Libye et combattre les groupes terroristes qui bénéficient de la crise dans ce pays nord-africain, écrit le site d'information états-unien Politico dans son article intitulé «Le double jeu de la France en Libye».
Et d'ajouter que les autorités françaises n'ont jamais reconnu officiellement les fournitures d'armes et l'envoi de militaires afin de soutenir les forces de Khalifa Haftar. La mort de trois soldats français dans un crash d'hélicoptère en Libye en 2016 a constitué une rare preuve de cette «présence secrète» des militaires français en Libye, affirme-t-o dans l'article.
Selon son auteur, le maréchal Khaftar n'a, à son tour, jamais caché le fait qu'il recevait des armes françaises malgré un embargo imposé par l'Onu.
Le média évoque également le fait que l'une des premières initiatives d'Emmanuel Macron en tant que Président a été d'organiser une rencontre entre Khalifa Haftar et Fayez al-Sarraj à la Celle-Saint Cloud, près de Paris. C'est Jean-Yves Le Drian qui aurait convaincu le nouveau chef d'État que le progrès en Libye était un objectif facile à atteindre.
«Il a sous-estimé la complexité de ce pays. Il s'agit, d'un côté, de naïveté, de l'autre, d'opportunisme. Il a tenté de s'appuyer sur le personnel militaire afin de résoudre un problème politique», a précisé Tarek Megerisi, chercheur du Conseil européen des relations internationales, cité par Politico.
Par ailleurs, la publication met en avant les désaccords entre Paris et Rome dans le dossier libyen. Il est indiqué aussi que la politique française en Libye peut également s'expliquer par la possibilité pour Total de renforcer ses positions dans le secteur pétrolier libyen.
Parallèlement, un responsable français haut placé cité par Politico estime que Paris est plus poussé par le désir de renforcer ses alliances stratégiques au Moyen-Orient que par des motifs commerciaux. Après l'instabilité provoquée par le printemps arabe, Paris semble préférer avoir un «homme fort» au pouvoir en Libye afin de contenir l'islamisme et les migrations, explique le média.
Mais, selon Politico, le maréchal Haftar, qui a 75 ans et a suivi l'an dernier un traitement de six semaines en France, a du mal à s'imposer comme «homme fort». En réalité, son offensive contre Tripoli s'est heurtée à une résistance à laquelle il n s'attendait pas, des milices n'ayant pas changé de camp en sa faveur.