Tout en rappelant que l'Armée nationale populaire avait déjà proposé le 30 mars de mettre en application les articles 7, 8 et 102 de la Constitution pour ouvrir la voie à une procédure d'empêchement d'Abdelaziz Bouteflika, le chef d'état-major des armées, le général Ahmed Gaïd Salah a déploré lors d’une réunion mardi «l'entêtement, la tergiversation et la sournoiserie de certains individus» qui œuvraient à «faire perdurer la crise et la rendre plus complexe».
«Ainsi, nous estimons qu'il n'y plus lieu de perdre davantage de temps et qu'il faut appliquer immédiatement la solution constitutionnelle proposée, à savoir la mise en application des articles 7, 8 et 102 et entamer le processus garantissant la gestion des affaires de l'État dans le cadre de la légitimité constitutionnelle», selon ses propos citées dans un communiqué de la Défense algérienne.
Le général a également commenté le communiqué diffusé ce lundi par la présidence de la République, selon lequel Abdelaziz Bouteflika démissionnera «avant le 28 avril prochain», soit avant la date de fin de son mandat.
«Alors que le peuple algérien attendait avec impatience la satisfaction de ses revendications légitimes, parut en date du 1er avril un communiqué attribué au Président de la République, alors qu'en réalité il émanait d'entités non constitutionnelles et non habilitées, ayant trait à la prise de décisions importantes concernant la phase de transition. Dans ce contexte particulier, nous confirmons que toute décision prise en dehors du cadre constitutionnel est considérée comme nulle et non avenue», a-t-il ajouté.
Ahmed Gaïd Salah a qualifié de «claire et irrévocable» la décision de l'Armée nationale populaire concernant les mesures constitutionnelles qui doivent être appliquées à l’égard d’Abdelaziz Bouteflika.
«Nous soutiendrons le peuple jusqu'à ce que ses revendications soient entièrement et totalement satisfaites. Étant le fils du peuple et partant de la responsabilité historique qui m'incombe, je ne pourrai que m'aligner sur ce peuple dont la patience n'a que trop duré et qui a tant souffert des différentes épreuves. Car il est temps qu'il recouvre ses droits constitutionnels légitimes et sa pleine souveraineté», a-t-il conclu.
Pour rappel, l’article 102 de la Constitution algérienne dispose que «lorsque le Président de la République, pour cause de maladie grave et durable, se trouve dans l'impossibilité totale d'exercer ses fonctions, le Conseil constitutionnel se réunit de plein droit, et après avoir vérifié la réalité de cet empêchement par tous moyens appropriés, propose, à l'unanimité, au parlement de déclarer l'état d'empêchement».
Ciblé depuis près d'un mois par une vague de contestations inédite, l'actuel Président de l'Algérie Abdelaziz Bouteflika a renoncé le 11 mars à briguer un 5e mandat et a repoussé la présidentielle — initialement prévue le 18 avril — à la fin de la Conférence nationale dont la date n'a pas encore été fixée.