Les États-Unis ne cachent pas leur inquiétude face à la coopération de plus en plus étendue entre la Chine et Israël, et à la pénétration chinoise dans des secteurs sensibles comme la haute technologie. Lors de sa récente visite en Israël, le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, a même menacé dans son interview à la chaîne 13 de la télévision israélienne d'arrêter l'échange de renseignements avec l'État hébreu si ce dernier ne réagissait pas à des menaces pouvant émaner de sa coopération avec la Chine.
«C'est un chantage pur et simple. […] C'est le chantage qui est devenu aujourd'hui une norme dans le comportement des États-Unis. Ils font chanter non seulement Israël, mais aussi leurs plus proches alliés de l'Otan, que ce soient les Britanniques, les Allemands ou les Français. Les Américains font chanter le monde entier, y compris la Russie et la Chine, en essayant de réduire toute coopération au format qui les arrangent», a déclaré le politologue russe Oleg Matveïtchev, du Haut collège d'économie de Moscou.
Et d'ajouter que l'élite politique et militaire d'Israël aurait beaucoup de difficultés à faire face aux États-Unis.
Mikhaïl Schwartz, historien et journaliste israélien résidant à Tel Aviv, a relevé qu'en règle générale, Israël menait une politique étrangère indépendante, mais que ce n'était pas la première fois, loin s'en fallait, que les États-Unis s'y ingéraient parce que le comportement de l'État hébreu ne leur plaisait pas.
«La Chine a commencé à construire une série d'ouvrages stratégiques qui, paraît-il, "gênent" les États-Unis, notamment le port de Haïfa. Je suppose que finalement, on devra mettre en veilleuse certains projets, si l'Amérique exerce une forte pression. […] Le gouvernement et Netanyahou lui-même estiment que la coopération avec la Chine est très utile pour l'économie nationale. Néanmoins, certains politiciens n'apprécient pas du tout que la Chine commence à acheter de grandes entreprises, comme Tnuva, principal producteur de denrées alimentaires», a poursuivi l'expert.
Selon ce dernier, ils s'opposent à ce que les capitaux chinois pénètrent trop profondément dans le marché israélien.
Dmitri Mariassis, de l'Institut des Études orientales de l'Académie des sciences de Russie, a rappelé à Sputnik qu'en 2000, Israël avait été contraint par les États-Unis à résilier un gros contrat militaire avec la Chine.
«À l'époque, il s'agissait du lobbying des intérêts des producteurs américains. […] À présent, la situation est différente. Ce n'est pas un problème commercial. C'est une question purement géopolitique pour les États-Unis. C'est un nouveau front de la guerre économique des États-Unis contre la Chine», a résumé le politologue.