Le nouveau maillot deux étoiles des champions du monde devrait être présent en abondance sur le marché après la victoire de l'équipe de France pour ravir ses supporters. La tenue, annoncée comme un best-seller pour la période des fêtes de fin d'année 2018, est toujours presque introuvable. Le modèle adulte (de 85 à 140 euros) reste indisponible, alors que quelques exemplaires du maillot junior à 70 euros sont récemment arrivés à la Fédération française de football (FFF), lit-on dans une enquête du Journal du dimanche (JDD), publiée le 23 mars.
La nouvelle tenue deux étoiles a été annoncée par la FFF et Nike il y a un an. Son design (petit bouton au col, drapeau dans le cou, nuance graphique sur les manches) a été approuvé par Didier Deschamps. Juste après la victoire des Bleus, le 15 juillet au soir, une vague d'acheteurs a vidé le stock de maillots sur nike.com. L'entreprise a indiqué à l'époque que la tunique «sera disponible en magasin mi-août [2018, ndlr]». Ensuite, seules 30.000 unités ont été livrées.
À défaut de tenues même pour les Bleus, la FFF demande à une société de flocage de broder une deuxième étoile. L'équipe de France a ainsi joué quelques matchs vêtue de faux maillots deux étoiles, affirme le Journal du dimanche.
Noël Le Graët, président de la FFF, s'exprime à ce sujet: «On ne peut pas être agacé quand on a un partenaire qui représente 50% de votre budget commercial», en qualifiant Nike d'idéal pour la Fédération française de football. «Je pense qu'ils [Nike, ndlr] ont fait le maximum. Cela dit, pour nous c'est un peu dommage, au regard de l'envie de nos supporters plus que d'un point de vue financier. Ça va se rétablir, les livraisons vont se faire petit à petit», a-t-il ajouté.
Nike a une approche différente des autres géants équipementiers, déclare le Journal du dimanche. Ses usines fabriquant ses maillons de sport haut de gamme sont situées en Thaïlande. Le travail des ouvriers est mieux payé (200 à 250 euros par mois) que celui des vietnamiens ou les cambodgiens. Néanmoins, les salaires des ouvriers représentent 1% du prix d'un maillot.
«Nike a sans doute fait des efforts éthiques que d'autres entreprises ne font pas car elles n'ont jamais été attrapées. Elle s'affiche comme une entreprise militante qui a des responsabilités citoyennes», a déclaré l'économiste Sylvie Matelly, directrice adjointe de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), citée par le JDD.
En attendant les maillots de qualité, un acheteur potentiel peut se tourner vers le marché de contrefaçon qui fonctionne bel et bien, a affirmé le Journal du dimanche. Michael Tapiro, expert en sport business, a déclaré: «Nike se montre froid, sans panache. Genre: la France n'est pas un territoire stratégique, on s'en fout un peu. S'ils avaient vraiment voulu, ils auraient trouvé un moyen, quitte à faire moins de marge. Au lieu de ça, ils ont laissé le champ libre à la contrefaçon». Autour de 300.000 maillots pour des prix de 8 à 30 euros auraient été distribués via des sites asiatiques spécialisés, selon la source.