Paolo Gentiloni, qui a été Premier ministre italien du 12 décembre 2016 au 1er juin 2018, a critiqué dans une interview accordée lundi à la chaîne CNBC la décision du gouvernement italien de participer au projet de nouvelle route de la soie.
«Du point de vue politique et géopolitique, je trouve que c'est vraiment imprudent de la part du gouvernement italien de prendre une telle décision sans coordination avec l'UE et nos alliés», a-t-il déclaré.
Sur le plan économique, M. Gentiloni estime que ce protocole, signé le 23 mars par la Chine et l'Italie, «n'est pas si pertinent».
«Nous ne changerons pas notre situation économique avec ces accords et je crois que nous ne changerons même pas la balance commerciale entre l'Italie et la Chine», a-t-il ajouté en précisant que cette balance était déficitaire pour l'Italie.
L'ancien Premier ministre a toutefois écarté les préoccupations concernant une possible dépendance de son pays envers la Chine.
«L'Italie n'est pas un pays africain […] Nous ne ferons pas face à une invasion chinoise après ces accords», a-t-il ajouté.
En ce qui concerne les secteurs sensibles, dont les télécommunications, il a déclaré qu'il fallait «être très prudent». Il s'est notamment prononcé sur le développement du réseau 5G par la société chinoise Huawei.
«Nous avons des infrastructures très modernes pour des téléphones mobiles dans notre pays, nous n'avons pas forcément besoin des investissements étrangers, en tout cas, nous avons une loi […] qui permet au gouvernement italien d'éviter toute forme de contrôle sur notre infrastructure de télécommunications», a-t-il indiqué.
Le 23 mars, lors de la visite de Xi Jinping en Italie, le président de la commission nationale chinoise pour le développement, He Lifeng, et le ministre italien du Développement économique, Luigi Di Maio, ont signé un protocole d'accord «non contraignant» pour sceller l'entrée de l'Italie dans la nouvelle route de la soie ainsi que pour acter de nombreux contrats commerciaux. L'Italie est ainsi devenue le premier pays du G7 à participer à ce projet.
Le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, a dénoncé cette décision en mettant en garde contre la «dépendance» envers la Chine.