Le leader français du sucre Tereos fait actuellement face à une plainte pour «actes de terrorisme et de complicité d'actes de terrorisme» déposée mardi auprès du parquet antiterroriste du tribunal de grande instance de Paris par plusieurs de ses partenaires commerciaux.
Dans la plainte consultée par l'AFP, les plaignants rappellent que fin 2016, après la libération de Mossoul, l'ONG Conflict Armament Research (CAR), mandatée par l'UE, avait découvert lors d'une inspection d'un entrepôt de Daech* «des dizaines de sacs de sorbitol estampillés Tereos».
Se référant à une enquête interne de l'entreprise, la plainte fait état de deux autres livraisons à destination de la Syrie, réalisées en février et juillet 2017.
«Dans ce contexte, et en dépit de la connaissance par l'entreprise Tereos de l'utilisation du sorbitol comme arme de guerre, la société a sciemment continué de fournir cette matière première à un groupe terroriste», affirment les plaignants.
«Mes clients ont été abasourdis par ces révélations. C'est un choc et une trahison alors que Tereos est un fleuron de notre économie agricole», a réagi l'avocate des plaignants Jade Dousselin dans un communiqué, appelant à faire la «lumière sur ces exactions qui sont l'œuvre des dirigeants de la société et qui viennent salir l'image de marque» de l'agriculture française.
Le groupe a fermement rejeté les faits, dénonçant une «tentative de déstabilisation.»
«Nos ventes en Syrie étaient légales. […] Nous y avons mis un terme, lorsque nous avons découvert que le produit était détourné», a réagi mardi la direction.
L'agence souligne que les plaignants et la direction du groupe s'opposent depuis fin 2016 dans une crise interne au conseil de surveillance de Tereos, sur fond d'effondrement des cours mondiaux.
*Organisation terroriste interdite en Russie