Il y a plus de trente ans, elle a choisi de donner la mort à son fils Frédéric qui était lourdement handicapé depuis sa naissance. Ayant passé les trois premières années de sa vie à tenter de l'éveiller, Anne Ratier a préféré mettre fin aux jours de son enfant au lieu de le transférer dans un centre spécialisé.
«C'était très difficile pour nous de nous dire que dans quelque temps, nous allons être obligés de le laisser à des étrangers. Ça, je ne pouvais pas le faire», a-t-elle déclaré.
Or, c'est une interview réalisée récemment par le journaliste Hugo Clément pour Konbini qui a suscité une véritable onde de choc sur la Toile, en raison peut-être du fait qu'il s'agit d'un entretien filmé. Lors de la conversation, Mme Ratier reconnaît qu'elle ne «s'attendait pas à vivre une situation pareille et à en arriver» jusqu'à tuer son fils:
«Je comprendrai que tout le monde trouve ça choquant d'ailleurs si on ne trouve pas cela choquant, ça n'est pas normal», souligne-t-elle tout en assumant qu'elle referait la même chose aujourd'hui.
En 1987, Anne Ratier a donné la mort à son fils de 3 ans, lourdement handicapé depuis la naissance.
— Konbini news (@konbininews) 4 mars 2019
Aujourd’hui, elle dévoile son secret dans un livre et explique son geste à @hugoclement. pic.twitter.com/wke6R7EQid
Mme Ratier reconnaît qu'elle pourrait être inculpée de meurtre avec préméditation. Or, les faits commis en 1987 sont aujourd'hui couverts par la prescription qui s'élève à 30 ans pour ce type de crimes.
L'histoire d'Anne Ratier a naturellement divisé les internautes, dont les réactions varient du soutien compatissant à l'indignation extrême:
Wouah j'admire le courage de cette maman de mettre fin à la vie de son fils pour lui éviter une vie de souffrance
— Tit.bouriquet (@BouriquetTit) 4 mars 2019
Si j’étais tétraplégique, incapable de parler, de vivre. J’aimerais vraiment que ma mère franchisse le pas et me délivre de la même façon. Mettez vous juste à sa place. Vous vivez. Pas lui.
— Margaux (@ValoniaFeline) 5 mars 2019
Complaisance très choquante. L’interview sonne comme une autorisation. Non une telle situation ne met pas « au-dessus » de la loi.
— Thierry Baubet (@TBaubet) 4 mars 2019
Je suis maman d'1 petit garçon lourdement handicapé suite à 1 erreur médicale à la naissance. L'anoxie a provoqué des lésions cérébrales diffuses je peux vous dire que c'est un véritable tsunami dans une vie.. une chose est certaine cette maman aimait son enfant, ne pas juger!
— Sonia Allouani (@liamsxm) 5 mars 2019
Les nazis tuaient les handicapés.
— Thordower (@Thordower1) 5 mars 2019
Je suis choquée. Je suis aussi partagée. Elle en parle avec bcp de calme et sans froid.
— Pauline the Sagittarius (@mantratoi) 4 mars 2019
Je suis décontenancée. Est ce légitime de tuer un enfant handicapé dans un état végétatif?
Non mais est ce une vie de laisser les autres souffrir atrocement?
Pour sa part, le journaliste Hugo Clément admet ne pas avoir «d'avis tranché sur l'acte de cette femme». «Il est très difficile de se prononcer sans avoir été confronté à cette situation», conclut-il:
Si j'avais un enfant tétraplégique en état végétatif, sans aucun espoir d'amélioration et dans l'incapacité totale de communiquer, que ferais-je? Je n'en sais strictement rien. J'envie vos certitudes.
— Hugo Clément (@hugoclement) 5 mars 2019