La situation politique en Algérie suscite de vives inquiétudes auprès des autorités marocaines et tunisiennes, rapporte le journal Le Monde, qui a interrogé des experts de ces deux pays maghrébins. En effet, le risque de déstabilisation de l'Algérie, qui pourrait avoir des conséquences graves sur la sécurité et la stabilité du Maghreb et du Sahel, est pris très au sérieux à Tunis et à Rabat, selon ces spécialistes.
Pour ce qui est du Maroc, les autorités suivent avec attention et inquiétude l'évolution des manifestations contre un 5ème mandat de Bouteflika, même si elles n'ont pas encore officiellement réagi.
«Il ne faut pas confondre réserve et indifférence», a déclaré Mustapha Sehimi, professeur de droit, politologue et avocat au barreau de Casablanca. «La crise algérienne est une question de premier plan qui mobilise en ce moment l'appareil militaire, les services de renseignement [au Maroc, ndlr]… Tout le monde est attentif», a-t-il encore ajouté.
Pour les autorités tunisiennes, «l'Algérie est une ligne rouge», a affirmé le politologue Youssef Chérif. Selon lui, pour «le président de la République et le chef du gouvernement […] les bonnes relations de voisinage avec l'Algérie et la Libye sont nécessaires». Par ailleurs, Tunis s'interroge sur la suite du mouvement populaire en Algérie et sur le risque d'un scénario à la libyenne. Une dégradation de la situation en Algérie pourrait également avoir un impact négatif sur l'économie du tourisme en Tunisie.