Comme les services secrets israéliens mènent des activités anti-iraniennes, l'Iran est obligé d'y réagir, a déclaré à Sputnik l'enseignant à l'université de Téhéran Seyed Hadi Borhani, spécialiste des pays d'Asie de l'Ouest, commentant la condamnation d'un ex-ministre israélien pour espionnage au profit de l'Iran.
«Les services secrets d'Israël mènent une activité subversive contre l'Iran, et les assassinats d'atomistes iraniens perpétrés par le renseignement israélien en Iran en sont la confirmation. […] Pour se protéger, l'Iran doit disposer de toute l'information sur les programmes, les projets et le renseignement d'Israël», a poursuivi l'interlocuteur de l'agence.
Et d'ajouter qu'à ces fins, Téhéran avait élaboré des projets pour pénétrer en Israël et obtenir des informations.
«L'Iran a réussi à "mettre la main" sur le ministre israélien au Nigeria et à obtenir l'information grâce à lui. […] Il s'agit là d'une guerre entre les services de renseignement de deux pays, chose qui se produit également dans d'autres pays du monde», a résumé l'Iranien.
Selon un autre interlocuteur de Sputnik, Simon Tsipis, de l'Institut d'étude de la sécurité national (INSS) de Tel Aviv, les détails de l'affaire Segev, rapportés par les médias, ne représentent qu'une face de la médaille, alors que l'autre qui a sans doute une valeur particulière pour l'État hébreu, est restée dans l'ombre.
«Gonen Segev n'avait pas travaillé dans les structures militaires d'Israël et ne disposait par conséquent pas d'une information "top secret" qui pourrait intéresser l'ennemi. […] Il n'a pas été non plus enrôlé par un service secret iranien. Gonen Segev a contacté lui-même les diplomates iraniens au Nigeria. L'explication en est des plus banales — la rancune qu'il a gardée après avoir été licencié du poste de ministre», a raconté l'expert.
Selon ce dernier, Gonen Segev était en outre un homme extrêmement avare et convoitait un argent «rapide et léger».
«Notre justice a conclu un marché avec Segev qui a accepté de collaborer. Nos services secrets en ont obtenu une information précieuse sur les espions iraniens. Il s'agit notamment des agents iraniens opérant sous une couverture diplomatique en Afrique. Ces personnes contactées par Segev ont été confondues. C'est justement la raison pour laquelle sa condamnation a été allégée. Autrement, pour trahison, il aurait écopé de jusqu'à 18 ans d'emprisonnement», a conclu l'Israélien.
Gonen Segev est le plus haut responsable à avoir été accusé d'espionnage dans l'Histoire de l'État hébreu. Depuis 2012, alors qu'il résidait au Nigeria, l'ex-ministre a fourni à l'Iran des informations sur la localisation de sites abritant des services de sécurité israéliens, ainsi que des noms de responsables.
En mai dernier, M.Segev a été arrêté à l'aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv. Il avait déjà été condamné en 2003 à une peine d'un an de prison avec sursis pour tentative de fraude. Un an plus tard, l'ancien ministre avait écopé d'une peine de cinq ans de prison ferme pour trafic d'ecstasy.
Au mois de janvier, Gonen Segev avait accepté de plaider coupable d'espionnage au profit de l'Iran. Il a été condamné à 11 ans de prison ferme, selon un accord entre la défense et l'accusation, retenant les chefs d'accusation d'«espionnage aggravé» et «transfert d'informations à l'ennemi», abandonnant celui de «trahison», qui figurait dans l'acte d'accusation initial.
Par la voix de ses avocats, l'ex-ministre a nié avoir travaillé contre les intérêts d'Israël, affirmant qu'il avait essayé d'agir en tant qu'agent double contre l'Iran.