L'épidémie de rougeole prend de l'ampleur. Aux Philippines, 12.000 personnes ont été touchées par cette maladie, dont au moins 203 en sont mortes.
A Madagascar, depuis octobre 2018, environ 69.000 contaminations ont été recensées. Plus de 550 personnes n'y ont pas survécu et encore 300 autres morts pourraient être liées à cette maladie.
La situation en Ukraine est particulièrement grave, avec plus de 53.000 malades l'an dernier, dont 16 cas mortels officiels. La situation continue de se dégrader rapidement. Selon les informations officielles, entre le 28 décembre et le 22 février, c'est-à-dire en moins de deux mois, plus de 24.000 personnes sont tombées malades de la rougeole, dont neuf en sont mortes. Mais les autorités refusent d'annoncer l'épidémie dans le pays.
C'est pourtant l'Ukraine qui est accusée par l'Occident de propager la maladie. «Suite à l'épidémie de rougeole en Ukraine, le nombre de malades en Europe a triplé», titrait récemment le célèbre magazine de vulgarisation scientifique Science.
Les Polonais, voisins de l'Ukraine, tirent la sonnette d'alarme. Ils déplorent 339 cas en 2018, la plupart en novembre et en décembre. En janvier, 380 cas ont déjà été recensés, soit plus qu'au cours des deux mois précédents réunis.
Parmi les «leaders» du continent figurent également la Serbie (5.076 malades), la France (2.913) et l'Italie (2.517).
La morbidité en Russie est largement inférieure: 17,3 cas pour 1 million d'habitants. A titre de comparaison, en France ce taux est de 44,7, en Grèce de 196,8, au Monténégro de 322,6, en Géorgie de 563,8, et de 1.209,25 en Ukraine.
Néanmoins, l'an dernier, 2.256 personnes ont contracté la rougeole en Russie, contre 725 cas en 2017, soit une multiplication par 3,5. En ce moment, des éclosions de rougeole ont été enregistrées à Novossibirsk (52 cas) et à Ekaterinbourg (35). Dans la région de Vladimir, où un camp de tziganes est devenu un foyer de la maladie en janvier (25 enfants malades), la situation a été maîtrisée. Des foyers sont également apparus à Moscou, à Saint-Pétersbourg et dans plusieurs autres régions du pays.
Certains pensent qu'ils sont devenus inutiles, alors que d'autres jugent les vaccins dangereux et susceptibles de nuire à la santé. Le monde a oublié l'époque où la rougeole était l'une des principales causes de la mortalité infantile. Au final, le taux de 95% de vaccination de la population adopté par l'OMS en tant que garantie contre les éclosions et les épidémies de rougeole est enfreint de plus en plus souvent.
Une fois de plus, l'exemple de l'Ukraine est révélateur. Jusqu'au milieu des années 2000, le taux de vaccination y correspondait aux normes mondiales.
C'était jusqu'en 2008, quand la mort d'un adolescent le lendemain de sa vaccination a fait énormément de bruit dans le pays. L'opinion publique avait alors accusé le vaccin dangereux et de mauvaise qualité, qui, s'avère-t-il, avait été envoyé en Ukraine par l'Unicef dans le cadre de l'aide humanitaire.
Après cette affaire, les parents ont commencé à refuser en grand nombre de faire vacciner leurs enfants. A cela se sont ajoutés plusieurs scandales autour des fournitures, suite à quoi l'Ukraine n'a pas acheté de vaccins pendant quelques années. Au final, au milieu des années 2010, moins de la moitié des enfants avaient été vaccinés dans le pays, ce qui, d'après l'Onu, correspond au niveau de la Somalie et du Nigeria.
Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que l'Ukraine soit devenue le leader mondial de cette maladie. La nouvelle campagne de vaccination n'a pas encore eu d'effet significatif.
Quoi qu'il en soit, la réaction des États à ce défi illustre leur niveau d'efficacité. Et il est question de tous les aspects du problème — du taux de vaccination de la population à la détection et à l'élimination du foyer apparu.
En Russie, les structures aussi biens publiques que non gouvernementales agissent de manière cohérente: isolement des malades, contrôle de l'état des personnes qui ont été en contact avec les premiers, quarantaine des lieux de contamination, restrictions temporaires pour les personnes non vaccinées…
Cependant le combat principal est de faire revenir la population «à la raison».