«Ça, est-ce que c'est aussi de la Fake news, peut-être, sur Sputnik?» «Il y a un peu de Fake news là-dedans, repris par Sputnik.»
L'échange qui s'est tenu sur France Inter le 26 février entre Léa Salamé et l'historien Benjamin Stora tient à faire passer notre média pour un diffuseur de fausses informations. Ce n'est pas la première tentative et sûrement pas la dernière. Mais cette fois, le procédé est savoureux.
Benjamin Stora répond aux questions de Léa Salamé https://t.co/Wbdz6zt2T6 via @YouTube
— J'aime pas la méchanceté gratuite (@melanie49597178) 27 février 2019
Lors de l'échange précité, la journaliste de la radio publique française faisait référence à un article publié par Sputnik France le 25 février. Dans ce texte, il était question d'une analyse de la position délicate d'Emmanuel Macron par rapport à l'Algérie, potentiellement en proie à une déstabilisation conséquente. De fait, le pays est touché depuis plusieurs jours par des mouvements de protestation populaire qui ne cessent de s'étendre, le tout alors que l'élection présidentielle prévue le 18 avril verra le Président Abdelaziz Bouteflika se représenter pour un cinquième mandat. Sauf que les informations reprises par notre site proviennent d'un article de Vincent Jauvert titré «L'Algérie, le cauchemar de Macron» et publié… dans L'Obs!
"Le cauchemar du président de la République, c'est l'#Algerie. C'était aussi celui de ses prédécesseurs. Les plus hautes autorités de l'Etat sont terrifiées par la perspective d'une grave déstabilisation après la mort de #Bouteflika… " https://t.co/lRsaeJEXF6
— Alexandre Devecchio (@AlexDevecchio) 25 février 2019
«Une déstabilisation de l'Algérie à la suite de la mort du président Bouteflika ou d'une révolte est depuis longtemps l'angoisse première de l'Élysée et des services français de sécurité», peut-on lire dans l'hebdomadaire. Il explique par ailleurs qu'une déstabilisation en Algérie pourrait pousser «des centaines de milliers de jeunes» Algériens à émigrer en France «ce qui, à l'évidence, poserait un défi politique majeur au gouvernement français».
Le travail de Vincent Jauvert a fait grand bruit. En plus de Sputnik France, ces informations ont été reprises dans de nombreux médias tels qu'Al Jazeera, assabahnews.tn ou encore arabicpost.net, site fondé par l'ex-patron du HuffPost Arabie. Ce que n'a pas semblé utile de préciser Léa Salamé, journaliste employée par une radio financée par la redevance publique.
⚡🇨🇵CITATION — "RT France et Sputnik ne sont pas des organes de presse. C'est de la #propagande financée par un État étranger" B.Griveaux, porte-parole du gouvernement (itw Puremedias). Le sec. d'État a réitéré son refus d'ouvrir la salle de presse de l'Élysée à ces 2 médias.
— Brèves de presse (@Brevesdepresse) 22 octobre 2018
Cette affaire intervient alors que Sputnik et RT France sont actuellement la cible de nombreuses attaques en provenance de membres du gouvernement. Après Emmanuel Macron et le directeur de campagne de La République En Marche (LREM), Stéphane Séjourné, c'est Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, qui s'en est pris aux médias russes dans les colonnes du Parisien. Avec, lui aussi, des exemples discutables. Les médias d'État français se mettraient-ils dans la roue du gouvernement?
L'échange entre Léa Salamé et Benjamin Stora a été repris le jour même par un autre média public: France info. Et le traitement est le même que pour sa radio-sœur. Si, au début de l'article, il est bien stipulé que Sputnik France a repris les informations de L'Obs, ce n'est plus le cas au moment de diffuser le passage de l'échange Salamé-Stora.
L'ironie du sort informationnelle peut s'avérer surprenante. Par le passé, Sputnik France a déjà contesté une fausse information à son encontre, qui, lors des élections présidentielles de 2017, émanait d'une publication de… Vincent Jauvert! À l'époque, notre confrère de L'Obs avait affirmé, à tort, que Sputnik France attribuait la victoire à Marine Le Pen au moment de l'annonce des résultats du premier tour de l'élection présidentielle. Malgré une faute flagrante, la rédaction de l'hebdomadaire n'avait pas fait suite à notre demande de rectification. Il nous semble étonnant que, bien qu'il s'agisse aujourd'hui d'une citation d'une source anonyme de M. Jauvert cautionnée par la réputation de L'Obs, on accuse Sputnik France de diffusion de fausse nouvelle. Les voies de l'information… et de la désinformation sont impénétrables.