Le conflit qui vient d'éclater entre le Pakistan et l'Inde n'est qu'un écho d'un conflit historique de griefs réciproques de ces deux pays. Il est question de leur litige territorial portant sur les territoires au Cachemire, a indiqué à Sputnik le professeur à l'Université de Téhéran Pir Mohammad Mollazehi, spécialiste des problèmes régionaux de l'Afghanistan, du Pakistan et de l'Inde.
«Jusqu'ici, ces pays ont eu deux confrontations armées sur ce point. Le conflit de Kargil [en 1999, ndlr] aurait même pu dégénérer en conflit régional plein format, voire en catastrophe pure et simple, le général Pervez Moucharraf [Président pakistanais de l'époque, ndlr] ayant déclaré qu'en cas de défaite, le Pakistan userait de son potentiel nucléaire à des fins militaires», a rappelé l'interlocuteur de l'agence.
Et de prévenir qu'une telle menace n'était pas non plus à exclure aujourd'hui.
«Si ces deux pays n'arrivent pas à contrôler leurs ambitions politiques et leurs griefs réciproques, cela ne mettra pas en question que la sécurité de tous les pays de la région. En effet, si le potentiel nucléaire d'au moins l'un de ces deux pays est engagé, cela affectera le monde entier», a ajouté l'expert. «Quoi qu'il en soit, il est peu probable qu'une partie tierce se tienne derrière ce conflit, car cela ne profitera à aucun pays», a-t-il rassuré.
Ce dernier est persuadé que dans ce conflit, l'Iran gardera sa neutralité et serait même prêt à intervenir en médiateur pour réconcilier les parties.
«L'Iran restera sans doute neutre, compte tenu de ses intérêts économiques, bien que le Pakistan s'attende à un soutien de son voisin islamique. Tout conflit entre le Pakistan et l'Inde nuirait à l'Iran, tant sur le plan de la sécurité qu'au regard de l'économie. Néanmoins, l'Iran est prêt à intervenir en intermédiaire pour diminuer l'escalade du conflit et réconcilier les parties adverses», a résumé l'interlocuteur de Sputnik.
Les tensions se sont envenimées entre New Delhi et Islamabad depuis un attentat-suicide le 14 février au Cachemire indien, qui a tué environ 40 paramilitaires. Il a été perpétré par le groupe islamiste Jaïsh-e-Mohammed, basé au Pakistan.
Mardi 26 février, des avions de l'armée de l'air indienne ont frappé le camp du groupe situé dans la zone pakistanaise du Cachemire, tuant un nombre important de terroristes et détruisant leurs voitures, armes et munitions. Le premier vice-ministre indien des Affaires étrangères Vijay Gokhale a déclaré que les frappes étaient «absolument nécessaires» tant que le groupe préparait de nouveaux attentats.
Mercredi, au Cachemire, des avions de l'Inde et du Pakistan ont été abattus et un pilote indien capturé par les Pakistanais. Des tirs ont également été échangés jeudi matin, entre soldats des deux camps. Pourtant, dans «un geste de paix», le Pakistan libérera vendredi un pilote de l'armée de l'air indienne capturé mercredi.