Israël est préoccupé par la présence de l'Iran en Syrie, sachant que l'État hébreu estime que Téhéran menace sa sécurité. Un compromis est toutefois possible, et ce grace aux efforts éventuels de Moscou, selon l'ancien ambassadeur d'Israël en Russie Zvi Magen, écrit le site d'information Gazeta.
«Lors de leur entretien, les dirigeants de la Russie et d'Israël comptent évoquer les questions d'actualité relatives à la coopération bilatérale, notamment dans le secteur commercial, économique et humanitaire», souligne le communiqué de presse du Kremlin à 'l'occasion de la nouvelle visite de Netanyahou à Moscou.
Cette visite devait avoir lieu le 21 février, mais le chef du gouvernement israélien l'avait reportée à cause de la situation préélectorale dans le pays — il avait besoin de mener des négociations sur l'entrée du parti nationaliste au sein de sa coalition.
La décision de reporter cette visite a été critiquée par l'un des leaders de l'opposition israélienne Yair Lapid: «Le Premier ministre a fait le ménage dans son calendrier ces derniers jours, et a annulé une visite diplomatique importante.»
La rencontre avec Vladimir Poutine est une opportunité pour Benyamin Netanyahou de se reposer de la critique. Les deux dirigeants sont assez bienveillants l'un envers l'autre, bien que les relations entre les deux pays traversent une certaine crise à cause de la situation en Syrie.
Le crash d'un avion de transport russe dans ce pays a marqué un point culminant dans les tensions bilatérales — un Il-20 a été abattu en septembre 2018 par la défense antiaérienne syrienne, qui tentait d'attaquer l'aviation israélienne. Cet incident a coûté la vie à 15 militaires russes.
«L'Iran menace Israël. Israël réagit pour empêcher l'Iran de s'installer en Syrie pour y construire son infrastructure. Cela n'a rien à voir avec la Russie, mais elle est entrée dans ce jeu et doit chercher des solutions», a déclaré l'ancien ambassadeur d'Israël en Russie Zvi Magen pendant la récente conférence du club Valdaï à Moscou.
L'expert ne doute pas qu'en dépit des contradictions entre Israël et la Russie, il soit possible de trouver en Syrie un compromis sur l'Iran. Il a noté que la Russie avait déjà proposé aux USA et à Israël de minimiser la présence iranienne en Syrie, mais que les parties n'avaient pas réussi à se mettre d'accord. «Quand quelqu'un avance de telles propositions, cela signifie qu'il peut les réaliser. Par conséquent, il existe une possibilité de compromis», estime l'ancien ambassadeur.
«Il est impossible de mettre en œuvre les accords de Sotchi sans Israël», affirme Zvi Magen.
Peu de temps avant la rencontre, Washington a également pris une décision concernant sa présence en Syrie: Donald Trump a annoncé qu'il avait décidé de laisser dans ce pays un groupe de 400 militaires. Selon la plupart des experts, un tel contingent ne peut pas être considéré comme une force sérieuse.
«Je ne vois aucune valeur ajoutée à ce que les USA restent en Syrie avec un contingent aussi réduit, qui ne peut aucunement influencer la situation mais qui est vulnérable à une éventuelle attaque de l'ennemi», avait déclaré plus tôt Marco Carnelos, ancien conseiller des premiers ministres italiens Romano Prodi et Silvio Berlusconi pour le processus de paix au Proche-Orient.
Pour sa part, Zvi Magen pense que la présence même des États-Unis possède un «effet positif». D'autant que Washington ne quitte pas le Moyen-Orient, note l'expert:
«Même s'ils retirent leur contingent, des bases et la flotte restent dans la région, ce qui offre la possibilité d'une réaction rapide.»
En même temps, l'expert indique qu'aujourd'hui «la Russie reste de garde pour la Syrie» et qu'il sera important pour elle de s'entendre avec tous les acteurs de la région pour régler le conflit. Il sera toutefois difficile de trouver un terrain d'entente avec Washington car, selon lui, la Maison-Blanche veut que la Russie «échoue».
Ce plan est activement promu par le conseiller du Président américain et son gendre Jared Kushner, actuellement en tournée dans les pays du Golfe pour évoquer l'idée du plan de paix avec les dirigeants des pays de la région. Zvi Magen précise que la Russie «ne participe pas à ce plan, mais cherche des possibilités pour y adhérer».
En effet, Moscou surveille les efforts de Washington en la matière, mais le ministre russe des Affaires étrangères Lavrov a noté plus tôt que bien qu'il soit impossible de trouver un accord dans le processus de paix israélo-arabe sans les États-Unis, «Washington n'arrivera à rien non plus en solitaire».
«Nous sommes préoccupés par les tentatives, et je l'ai déjà dit, de saper les bases juridiques internationales du processus de paix israélo-palestinien, qui sont fixées notamment dans les décisions avec effet obligatoire des Nations unies», a ajouté Sergueï Lavrov.
Lors de sa visite à Moscou, Benyamin Netanyahou a également l'intention de rencontrer les représentants de la communauté juive russe. D'après le communiqué de l'ambassade d'Israël, cette rencontre est «appelée à montrer la solidarité dans la lutte contre l'antisémitisme — un phénomène vicieux qui relève la tête dans différents pays — et contre les tentatives de nier l'Holocauste et de réécrire l'histoire de la Seconde Guerre mondiale».
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.