Gilets jaunes et foot, Castaner a trouvé les auteurs de la hausse de la violence en 2018

© SputnikUn manifestant blessé lors de l'Acte 14 des Gilets jaunes à Paris
Un manifestant blessé lors de l'Acte 14 des Gilets jaunes à Paris - Sputnik Afrique
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Les Gilets jaunes sont-ils à l'origine de la hausse de «l'insécurité et la délinquance», soulignée dans le premier bilan de l'année 2018 présenté au ministère de l'Intérieur? Si les chiffres présentés sont accablants comparés à ceux des années précédentes, le propos reste à nuancer.

Les Gilets jaunes ont-ils bon dos? Selon le ministère de l'Intérieur, ils seraient à l'origine de l'augmentation de la délinquance observée en 2018. C'est ce qui ressort d'un rapport commandé par la place Beauvau, qui explique la hausse de plusieurs types d'infractions, dont les violences physiques et la destruction de biens publics par le mouvement des Gilets jaunes. La croissance des violences sexuelles, s'expliquerait, elle par la Coupe du Monde de football.

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En s'appuyant sur le nombre de plaintes enregistrées et sur le nombre d'infractions constatées par les forces de l'ordre lors des manifestations hebdomadaires entre le 17 novembre et le 29 janvier dernier, le rapport établit une corrélation entre «insécurité et délinquance» et Gilets jaunes.
Et sans surprise, les chiffres présentés vont dans ce sens. En comparaison avec les mêmes samedis des années précédentes, la violence a explosé au niveau national sur la période: les incendies volontaires de biens publics sont en hausse de 237%, les violences contre les forces de l'ordre de 183% et les ports ou détentions d'armes de 100%.

Une note explicative indique de surcroît que la catégorie «Autres délits» est en forte hausse du fait «d'infractions que l'on peut rapprocher des manifestations [et] qui contribuent pour la quasi-totalité» de l'augmentation de 136% par rapport à 2017.
Parmi les infractions classées comme «autres délits», on retrouve des chefs d'accusation variés comme: «groupement en vue de préparer des violences contre des personnes», «participation sans armes à un attroupement après sommation de se disperser» ou encore «entrave à la circulation des véhicules sur la voie publique». Des infractions qui ne se constatent que pendant des manifestations, en somme.

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Gilets jaunes: «trois fois plus d'interpellations que lors des émeutes de 2005»
Autre point surprenant dans le bilan commandé par le ministère de l'Intérieur: l'évolution des violences constatées à l'échelle de la France. Alors que des villes comme Lyon ou Nantes n'ont enregistré qu'une hausse limitée de la violence lors des manifestations de Gilets jaunes par rapport aux mêmes jours en 2017, d'autres villes ont enregistré un nombre de plaintes sans précédent. À Quimper, les commissariats en ont enregistré près de 15 fois plus que sur la même période un an plus tôt!

Alors, les Gilets jaunes sont-ils à l'origine de la hausse de la violence? Si le rapport va dans ce sens, ses auteurs avertissent eux-mêmes que les chiffres utilisés sont provisoires et ils nuancent les résultats présentés:

«Les analyses qui suivent doivent être interprétées avec précaution, car le comportement de dépôt de plainte des victimes ainsi que le recueil des plaintes et la constatation des infractions par les forces de l'ordre ont pu être affectées par ce contexte», préviennent les auteurs du rapport présenté au ministère de l'Intérieur.

En clair, victimes et forces de l'ordre seraient plus enclines à donner suite aux délits pendant les manifs qu'en temps ordinaire. Par ailleurs, ces résultats peuvent également s'expliquer par le fait que les forces de l'ordre ont tendance à interpeller bien plus facilement parmi les Gilets jaunes, ce qui fausserait inéluctablement l'ensemble du rapport. C'est en tout cas ce que dénonçait Guillaume Jeanson au micro de Sputnik, porte-parole de l'Institut pour la Justice, le 21 février dernier:

«J'avais le chiffre de 7.000, 7.500 gardes à vue. C'est trois fois plus que [lors des émeutes] en 2005. Manifestement, on cherche à interpeller beaucoup trop largement. C'est-à-dire qu'on interpelle des gens avec très peu de motifs.»

Politique du chiffre? Tentative de renverser l'opinion? Le fait est qu'en interpellant à tour de bras, sans toujours avoir de preuves, beaucoup d'interpellations n'aboutissent à rien.

«Le nombre d'interpellations est évidemment caricatural. 8.500 personnes qui sont interpellées pour derrière 1.800 personnes condamnées, on voit bien qu'il y a une disparité qui montre que les dossiers sont vides. Là-dessus, on peut parler de répression judiciaire», poursuit Guillaume Jeanson.»

 

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