«Choquant», selon l'eurodéputée socialiste française Christine Revault d'Allonnes-Bonnefoy: Elizaveta Peskova, fille du porte-parole du Président russe, Dmitri Peskov, s'avère être stagiaire auprès de l'eurodéputé Aymeric Chauprade, comme l'a révélé lundi Radio Free Europe. Une information qui a fait le tour des médias à la vitesse de l'éclair depuis lors.
Lancent l'alerte dès lors LCI, France-Soir, Ouest France, Le Nouvel Observateur, le Diario de Noticias portugais et d'autres. Le Monde contacte l'eurodéputé (en fonction depuis 2014) pour entendre la confirmation de ses propres oreilles. Le journal obtient les détails suivants:
«Je l'ai en stage depuis novembre dans le cadre autorisé par le Parlement européen. Son contrat a d'ailleurs été validé et renouvelé une fois par l'administration. Je ne l'ai pas embauchée comme ça de manière cachée», a confié le «russophile» M.Chauprade.
Les pièces du puzzle sont apparemment assemblées: Aymeric Chauprade avait publiquement soutenu le rattachement de la Crimée à la Russie en 2014, «cultive ses réseaux russes», selon France-Soir… C'est dans ce contexte que surgit la nouvelle sur Peskova.
«Preuve du malaise», l'entourage d'Aymeric Chauprade n'a fait aucun commentaire à France-Soir, qui souligne le fait qu'il s'agit de la fille d'un homme politique titulaire d'un «poste hautement stratégique» au sein du gouvernement russe.
Ainsi, «la jeune femme médiatique» (quelque 80.000 abonnés sur Instagram) a «accès à de nombreux bâtiments et documents du Parlement européen».
«C'est extrêmement choquant», s'indigne Christine Revault d'Allonnes-Bonnefoy, eurodéputée socialiste. «La fille du porte-parole du Kremlin n'est pas n'importe quelle personne. Je suis surprise que ce recrutement ait été validé par les services du Parlement.»
Et cela juste au moment où «l'UE redoute des interférences, en particulier de la part de la Russie, lors des élections européennes fin mai», indique le Nouvel Obs.
Mais malgré le côté apocalyptique des articles publiés à ce sujet, la réalité est bien plus banale: l'apparition d'Elizaveta Peskova semble en effet ne rien changer au Parlement européen, ni sur la scène internationale.
«En réalité, monsieur Chauprade lui-même n'a jamais eu accès à des documents confidentiels», a affirmé à l'AFP une porte-parole du parlement européen, Marjory van den Broeke, soulignant que «les assistants et les stagiaires des eurodéputés n'avaient pas accès à des documents confidentiels».
Aymeric Chauprade a de son côté riposté à ceux qui craignaient que «le grand méchant loup Poutine soit entré». Il assure qu'il y a «zéro sujet au point de vue sécurité défense et conflit d'intérêt» car Elizaveta Peskova n'a pris connaissance que de «certains» travaux des commissions, «ceux qui sont publiés sur le site du Parlement», mais d'«aucun huis clos». Elle n'a non plus accès aux travaux de la délégation UE-Russie à laquelle appartient Chauprade.
«Elle est dans un bureau séparé du mien et ne touche à aucun domaine sensible», indique M.Chauprade.