«Quelqu'un pourrait être tué pendant la campagne», s'inquiète un haut responsable canadien

© AP Photo / Alden PellettAndre Senecal, silhouetted behind a Canadian flag, Feb. 10, 2004, has been trying to get Americans to understand that Canada is more than polar bears, red-coated constables, hockey and long winters, introducing students to some of the intricacies of the European style of government.
Andre Senecal, silhouetted behind a Canadian flag, Feb. 10, 2004, has been trying to get Americans to understand that Canada is more than polar bears, red-coated constables, hockey and long winters, introducing students to some of the intricacies of the European style of government. - Sputnik Afrique
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Le greffier du Conseil privé du Canada, Michael Wernick, a récemment fait une déclaration-choc: «Je crains que quelqu'un ne soit abattu» lors de la prochaine campagne fédérale. Selon lui, des mouvements politiques pourraient se radicaliser. Une déclaration qui a rapidement semé la controverse au pays de l'érable. Les explications de Sputnik.

Des mouvements politiques seraient-ils en voie de radicalisation au pays de l'érable? Certains hauts fonctionnaires semblent le croire, comme le greffier du Conseil privé du Canada, Michael Wernick. Le 21 février dernier, M. Wernick a déclaré que «quelqu'un pourrait être tué» lors de la prochaine campagne électorale. En effet, des élections fédérales sont prévues au plus tard à l'automne 2019 et le Premier ministre Trudeau pourrait déclencher la campagne dans les semaines à venir.

​Au Canada, le greffier du Conseil privé agit à titre de chef de la fonction publique fédérale: il s'agit donc d'un poste très important. Il veille notamment à ce que le gouvernement dispose des ressources nécessaires à l'élaboration de ses politiques publiques. Nommé en janvier 2016, Michael Wernick en est à sa première vraie controverse.

Attention danger: élections à l'horizon

Sa déclaration est intervenue lors d'une audience destinée à faire la lumière sur le scandale SCN-Lavalin. Le chef de la fonction publique s'est écarté de son sujet pour faire part de ses inquiétudes relatives à la montée de certains mouvements politiques. M. Wernick s'est également déclaré préoccupé par la future ingérence de pays étrangers dans la prochaine campagne fédérale. Des pays qu'il n'a cependant pas nommés.

«Je m'inquiète de l'ingérence étrangère dans les prochaines élections et nous travaillons dur sur ce dossier. Je m'inquiète de l'augmentation des cas d'incitation à la violence lorsque des personnes utilisent ouvertement des termes tels que "trahison" et "traître" dans leur discours. Ce sont des mots qui mènent à l'assassinat. Je crains que quelqu'un ne soit abattu dans ce pays cette année, pendant la campagne politique», a affirmé le grand patron de la fonction publique canadienne.

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M. Waernick faisait notamment allusion à une déclaration du sénateur conservateur David Tkachuk. Lors d'un rassemblement qui s'est tenu à Ottawa le 19 février, ce sénateur a invité les gens présents à «rouler sur chaque libéral» (roll over every Liberal). Expression imagée pour certains, appel à la haine pour d'autres, cette déclaration faisait référence à la caravane de camions servant de moyens de protestation. Selon Michael Wernick, cette déclaration était inappropriée, car elle rappellerait l'attentat à la voiture-bélier perpétrée à Toronto en avril 2018.

«Je pense qu'il est totalement inacceptable qu'un membre du Parlement du Canada [le sénateur David Tkachuk, ndlr] incite les gens à rouler sur des personnes avec leur camion après ce qui s'est passé à Toronto l'été dernier», s'est insurgé M. Wernick.

Le 15 février dernier, une caravane de 160 camions était partie de la petite ville de Red Deer, en Alberta, pour se rendre jusqu'à Ottawa. Le convoi était organisé par les Gilets jaunes canadiens, qui manifestent contre la taxe carbone imposée par le gouvernement Trudeau. Selon eux, cette taxe nuit gravement à l'industrie pétrolière de l'Ouest canadien, et par le fait même, à la qualité de vie de la classe moyenne.

La manifestation du 19 février dernier a rassemblé de nombreux Gilets jaunes canadiens, ce qui laisse croire que Michael Wernick pourrait implicitement faire référence à eux. En effet, les Yellow Vests sont soupçonnés par certains de nourrir l'intolérance, car ils critiquent aussi le multiculturalisme de Justin Trudeau, de même que l'augmentation des seuils d'immigration. L'ambassadrice du Canada en France, Isabelle Hudon, affirmait en janvier dernier que les Gilets jaunes canadiens défendaient des idées «racistes».

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Les Yellow Vests dans la mire du chef de la fonction publique?

Jusqu'à ce jour, il demeure difficile de déterminer qui visait exactement le grand patron de la fonction publique dans ses déclarations. Ce dernier n'a toujours pas précisé sa pensée devant la presse. Toutefois, s'il avérait qu'il ait visé les Yellow Vests, Rhonda Cwynar jugerait cette référence «absurde». Mme Cwynar est l'une des porte-parole des Gilets jaunes canadiens. Contactée par Sputnik, elle a affirmé que son mouvement se dissocierait de tout acte de violence, aussi hypothétique fût-il.

«Penser qu'un membre des Gilets jaunes pourrait faire ça [assassiner une personne, ndlr] est complètement absurde. Le mouvement des Yellow Vests est pacifique et le restera. […] Nous invoquons notre droit fondamental de manifester pacifiquement», a souligné cette porte-parole des Gilets jaunes canadiens.

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Cette nouvelle controverse survient néanmoins dans un contexte politique marqué par une certaine polarisation au Canada: la population est de plus en plus divisée sur des questions comme l'environnement et l'immigration. Mais de là à tirer sur un opposant? La déclaration de Michael Wernick paraît nettement exagérée et semble plus propre à aviver les tensions qu'à calmer le jeu. Une stratégie risquée, si l'on en croit les exemples outre-Atlantique.

 

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