En citant des sources anonymes, le quotidien The Globe and Mail a rapporté que le bureau du Premier ministre canadien aurait fait pression sur l'ancienne ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould, pour qu'elle intervienne afin d'éviter un procès criminel à la multinationale québécoise SNC-Lavalin.
Éclaté quelques mois à peine avant le lancement officiel de la campagne électorale, ce scandale risque de compromettre sérieusement les chances de victoire des libéraux aux prochaines élections, a estimé dans un entretien accordé à Sputnik Rémi Tremblay, éditeur de Harfang et auteur du livre intitulé «Le Canada français, de Jacques Cartier au génocide tranquille».
«Le moment ne pourrait être pire pour les libéraux, les élections n'étant pas très loin. Bien qu'il soit difficile d'évaluer dès à présent l'impact de ce scandale sur le vote, nul n'ignore que l'éthique a toujours été le talon d'Achille des libéraux», a déclaré l'interlocuteur de l'agence.
Et de rappeler que le scandale de corruption impliquant les libéraux et révélé par la commission d'enquête Gomery avait été à l'origine de la victoire des conservateurs en 2006.
«Les libéraux ont mis alors 10 ans à regagner la confiance des Canadiens et ce nouveau scandale tombe très mal. […] Bien que Gerald Butts, secrétaire principal du Premier ministre, soit peut-être méconnu du grand public, il était le décideur de Trudeau, son cerveau et un ami personnel de longue date. […] Trudeau, qui se considère comme un délégué et un ambassadeur, s'en remettait à Butts pour l'élaboration de ses politiques», a poursuivi M.Tremblay.
Les observateurs constatent que loin de calmer la tempête politique, la démission du secrétaire principal du Premier ministre alimente plus que jamais la détermination des partis de l'opposition à tirer cette affaire au clair.
«Il est toutefois à savoir si Trudeau y est personnellement impliqué. La pression exercée sur Jody Wilson-Raybould et sa rétrogradation au ministère des Anciens combattants, même si elle avait fait partie du caucus fort médiatisé, montrent que la pression venait du haut du gouvernement», a supposé le Canadien.
D'après lui, la démission de Gerald Butts donne bien l'impression que c'est lui qui a fait pression pour éviter des poursuites pour SNC-Lavalin.
«Quoi qu'il en soit, il n'est pas à exclure que Butts ait tout simplement voulu sauver Trudeau. […] Le fait est que les libéraux ont eu de nombreux problèmes d'éthique et de corruption au cours des dernières décennies, de sorte que leur crédibilité est plutôt limitée. Et on ne doit pas non plus oublier que SNC-Lavalin a elle-même été accusée de corruption et de fraude à plusieurs reprises dans le passé. […] Toute cette affaire soulève le problème de la corruption au Canada, problème étroitement lié au Parti libéral», a résumé l'interlocuteur de Sputnik.
Dans l'opinion publique canadienne, Gerald Butts est perçu comme l'éminence grise qui a permis aux libéraux de Justin Trudeau de remporter la victoire au dernier scrutin, et considéré comme un stratège essentiel pour obtenir un deuxième mandat majoritaire. Les spécialistes de l'éthique pensent que Justin Trudeau doit démontrer qu'aucun «lobbying détourné» n'a eu lieu concernant SNC-Lavalin.