Les experts ne considèrent pas la diversification des contacts extérieurs de l'Arabie saoudite comme une nouvelle tendance de la politique étrangère de ce pays, écrit le quotidien Nezavissimaïa gazeta. L'intrigue principale de la tournée du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane en Asie est indéniablement le renforcement des liens avec le Pakistan, important pour Riyad dans sa lutte contre l'Iran.
En effet, Washington avait décidé de «punir» Islamabad pour sa réticence à influer sur les talibans en Afghanistan, avec lesquels le commandement militaire pakistanais est soupçonné d'entretenir des contacts étroits. Le Pakistan a également son importance pour Riyad du point de vue géographique: ce pays possède une frontière commune avec les provinces du sud-est de l'Iran.
Après le Pakistan, le prince Mohammed doit se rendre en Chine et en Inde. Ses visites en Indonésie et en Malaisie ont été annulées pour des raisons inconnues. Toutefois, la presse d'Asie du Sud-Est interprète la tournée du prince héritier comme une tentative de l'Arabie saoudite de se trouver de nouveaux «amis» — non plus à l'Ouest, mais à l'Est. Ces conclusions sont généralement motivées par la distance prise par les autorités de certains pays occidentaux vis-à-vis de Riyad après le scandale autour de l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi.
Le prince Mohammed a été personnellement accusé d'avoir commandité ce meurtre perpétré au consulat saoudien d'Istanbul: le journaliste dissident avait publié de nombreuses informations compromettantes sur la dynastie au pouvoir. Quand certaines preuves ont été dévoilées au public à l'initiative de la Turquie, il a été suggéré de couper l'Arabie saoudite des fournitures d'armes occidentales.
«N'oublions pas que l'Arabie saoudite a officiellement adhéré au projet chinois La Ceinture et la Route, et que les dirigeants saoudiens se sont rendus plusieurs fois au Japon — le développement des relations avec ce pays est tout à fait naturel. C'est la même chose pour l'Inde, avec qui Riyad entretient des contacts de longue date. En Inde, l'Arabie saoudite prévoit d'implanter un laboratoire technique qui pourrait lui être utile dans le cadre du plan Vision 2030», poursuit l'expert.
Cependant, les contacts avec Islamabad évoluent différemment pour Riyad. Le fait est qu'aujourd'hui le Pakistan est un pays important pour l'Arabie saoudite suite à la formation des blocs irano-qatari et qatari-turc contre le royaume. A cet égard, le Pakistan pourrait jouer un rôle significatif en faisant contrepoids à l'Iran, par exemple, conclut le quotidien.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.