En Italie, les débats sur les réserves d'or font partie d'une discussion plus large sur le rôle de la Banque d'Italie qui est souvent perçue comme irresponsable, inefficace et au statut discutable, a déclaré à Sputnik Andrea Trunzo, économiste italien basé au Royaume-Uni, expliquant en partie l'appel du ministre de l'Intérieur et vice-président du Conseil des ministres italien Matteo Salvini à retirer les réserves d'or nationales de l'emprise de Bruxelles.
«Salvini exprime en fait la préoccupation de certains députés italiens, de ces eurosceptiques qui tentent d'éviter une situation où le contrôle national même résiduel sur les réserves d'or puisse être perdu à l'avenir», a poursuivi l'interlocuteur de l'agence.
Et d'ajouter qu'il serait sans doute possible, mais difficile de prendre le contrôle des réserves d'or nationales.
«L'Union européenne peut potentiellement contester les décisions adoptées au niveau national. […] L'article 127 du traité sur le fonctionnement de l'UE dispose que le Système européen de banques centrales (SEBC) "détient et gère les ressources officielles de change des États membres". […] Et à Bruxelles, on a souvent tendance à soutenir des actions en faveur des transferts de compétences vers l'Union», a expliqué le spécialiste.
Selon ce dernier, bien que l'Italie se classe parmi les plus gros détenteurs d'or au monde avec ses plus de 2.400 tonnes, beaucoup d'Italiens estiment qu'au quotidien cela ne leur apporte pas d'avantages perceptibles.
«Quoi qu'il en soit, l'or figure parmi les actifs, parmi les instruments de maintien de la stabilité du pays», a conclu l'interlocuteur de Sputnik.
Matteo Salvini a annoncé en amont vouloir remplacer les principaux dirigeants de la Banque d'Italie, qu'il accusait d'avoir échoué à éviter des scandales bancaires dans lesquels des milliers d'Italiens avaient perdu leur épargne. Le ministre de l'Intérieur et vice-président du Conseil des ministres italien qui dirige également le parti de droite Ligue a indiqué que la banque centrale devait être indépendante «mais non irresponsable».
Selon des statistiques datant de novembre dernier, l'Italie pointait au quatrième rang des réserves d'or officielles de la planète, avec 2.452 tonnes, juste devant la France (2.436 tonnes), et derrière les États-Unis (8.134 tonnes), l'Allemagne (3.370 tonnes) et le Fonds monétaire international (2.814 tonnes).