Les militants de l'association de protection de l'océan ZEA, opposés aux rejets en mer et au stockage en plein air des «boues rouges» de l'usine Alteo de Gardanne, sont venus en déverser un chargement mardi, à Paris, devant les portes du ministère de la Transition écologique. Une partie des boues a aussi été répendue devant les portes du fonds d'investissement HIG, propriétaire d'Alteo, dans le 8e arrondissement. Une dizaine de personnes participait à l'action.
«Face à l'inaction de l'État et au cynisme de l'industriel et d'HIG, nous avons décidé que les responsables allaient devoir apprendre à vivre avec ces pollutions de boues rouges», explique l'association, qui leur promet «d'organiser régulièrement des livraisons».
Paris — Des boues rouges déversées devant le ministère de l'écologie provenant des rejets de l'usine Altéo de Gardanne (proche Marseille)
— Remy Buisine (@RemyBuisine) 12. Februar 2019
Le message: « Que le gouvernement prennent les mesures nécessaire pour stopper ces pollutions et protéger les citoyens qui y sont exposés. » pic.twitter.com/cIX4HebwWd
«On y est entré comme dans un moulin, on y a même vu des joggeurs», explique Olivier Dubuquoy, géographe et fondateur de l'ONG, devant une banderole «Boues rouges toxiques, ni en mer ni à terre».
L'usine d'alumine de Gardanne «cherche à agrandir son stockage de boues rouges à terre, à poursuivre ses rejets en mer et à "valoriser" ces déchets radioactifs et chargés de métaux lourds pour les disséminer partout en France», dénoncent les représentants de ZEA.
Depuis 2016, sur ordre de l'État, Alteo — qui en 50 ans a évacué en Méditerranée au moins 20 millions de tonnes de ces «boues» chargées d'arsenic ou de cadmium (au moins 30 millions selon l'ONG) — entrepose ses résidus solides de bauxite sur le site en plein air de Mange-Garri, vaste espace dans la pinède à Bouc-Bel-Air, près de Gardanne.
Le leader mondial des alumines de spécialité continue en outre à rejeter ses effluents liquides en mer, au cœur du Parc national des Calanques, en vertu de dérogations accordées par l'État. En 2018, la justice a réduit de deux ans, à fin 2019, le délai accordé à l'usine pour mettre ces rejets liquides en conformité avec les normes environnementales.