Certains médias français dont Mediapart, LCI, Le Monde, Le Figaro ou BFM TV affirment que les deux hommes d'affaires russes avec qui Alexandre Benalla aurait négocié des contrats de sécurité sont «proches» du Président russe.
Néanmoins, Arnaud Dubien, le directeur de l'Observatoire franco-russe de la Chambre de commerce et d'industrie franco-russe, se dit «amusé» de voir de telles publications. Selon lui, ni Iskander Makhmoudov ni Farhkad Akhmedov ne sont des oligarques «proches de Poutine».
Toujours amusé de voir, dès lors qu'il s'agit de la Russie, comment raccourcis et formules à l'emporte-pièce sont reprises en boucle comme des évidences. Makhmoudov n'a jamais été un oligarque proche de Poutine (ni même de 1ère division).
— Arnaud Dubien (@ArnaudDubien) 6 февраля 2019 г.
Grâce au Monde, j'apprends l'existence d'un autre "oligarque proche de Poutine", F.Akhmedov. https://t.co/PuMDkwLAQj
— Arnaud Dubien (@ArnaudDubien) 11 февраля 2019 г.
"Le quotidien de référence" et la #Russie, toute une histoire.
Cet avis est partagé par Thibault Marchand, journaliste de l'AFP à Moscou.
Mes yeux saignent à chaque article sur l'affaire #benalla. Non @libe @Mediapart et les autres, ni Makhmudov ni Akhmedov ne sont "proches de Poutine". C'est dommage, c'est vrai que c'est vendeur, mais c'est hélas la réalité
— Thibault Marchand (@thblt_marchand) 12 février 2019
Franchement j'ai beau retourner le problème dans tous les sens, j'ai cherché partout, je trouve pas le lien Makhmudov-Kremlin. L'explication la plus simple: la facilité. Milliardaire+Russie = Poutine. Ça évite les explications compliqués.
— Thibault Marchand (@thblt_marchand) 12 февраля 2019 г.
Sputnik a contacté un journaliste du Monde qui a repris la formulation de «proches du Kremlin» dans son article. Interrogé sur l'origine de ces allégations, il déclare que c'est Mediapart qui doit être le point de départ. Il précise ne pas avoir fait de vérification lui-même et ne pas savoir si de telles vérifications ont été faites.
Notre confrère du Monde a par ailleurs argumenté qu'au-delà de ces deux hommes d'affaires, un oligarque entretenant de mauvaises relations avec le Kremlin était quelque chose qu'il avait du mal à imaginer.
Ainsi la formule «oligarque proche du Kremlin» utilisée dans la presse semble apparaître comme un pléonasme, car pour des journalistes français, toute personne riche en Russie serait proche de Vladimir Poutine par définition.
Cette même logique a poussé le ministère américain de la Finance à soumettre au Congrès en janvier 2018 une liste de 96 oligarques susceptibles de menacer les intérêts américains. La rédaction de la version russe de Forbes s'était alors félicité avec ironie d'avoir aidé le gouvernement américain à établir cette liste, qui correspondait au classement de Forbes des plus grosses fortunes de Russie. Elle avait été qualifiée de «Putin list».
Le Trésor américain n'a finalement sanctionné que 26 personnes, dont la plupart sont des fonctionnaires et seulement sept qualifiés d'oligarques.
En décembre dernier, Mediapart a révélé qu'un contrat de sécurité avait été conclu entre l'homme d'affaires russe Iskander Makhmoudov et le groupe de Vincent Crase, Mars. À l'époque, M.Crase était encore chargé de la sécurité du parti LREM et Alexandre Benalla officiait à l'Élysée.
Le 11 février, ce média a publié de nouveaux faits à ce sujet. Le journal affirme qu'il est question non d'un contrat de 300.000 euros comme supposé auparavant, mais de plusieurs millions. Dans les enregistrements publiés par Mediapart le 31 janvier, Vincent Crase et Alexandre Benalla évoquent un contrat, sans pour autant mentionner le nom d'Iskander Makhmoudov. Le media avait estimé qu'il s'agissait de cet homme d'affaires russe.
Dans ses nouvelles révélations, le média indique qu'un autre oligarque russe est lié à l'affaire. Il s'agirait de Farkhad Akhmedov.
Sputnik est en attente de la réponse d'Iskander Makhmoudov et de Farhkad Akhmedov, auxquels nous avons également envoyé des demandes de commentaires.