Le Conseil de l'Europe a taclé le gouvernement français pour les opérations lancées contre les manifestations de Gilets jaunes, qui poursuivent leur mouvement depuis 11 semaines. La commissaire aux droits de l'Homme, Dunja Mijatovic, qui s'est rendue à Paris le 28 janvier pour évoquer les questions de droits de l'Homme dans le contexte du mouvement des Gilets jaunes, s'est dite alarmée par le «niveau élevé de tension qui prévaut actuellement en France».
Elle a indiqué «s'inquiéter en particulier du grand nombre de personnes blessées, certaines très gravement, dans les manifestations ou en marge de celles-ci, notamment par des projectiles d'armes dites de défense intermédiaire telles que le lanceur de balles de défense», indique une déclaration du Conseil de l'Europe.
«Les forces de l'ordre, parmi lesquelles de nombreux blessés sont aussi à déplorer, opèrent dans des conditions difficiles, notamment liées à l'hostilité de certains manifestants», a-t-elle constaté, en se disant toutefois préoccupée «par le nombre et la gravité des blessures résultant de l'usage de la force par les forces de l'ordre».
Dunja Mijatovic estime également que «la proposition de loi visant à prévenir les violences lors des manifestations et à sanctionner leurs auteurs, actuellement en discussion à l'Assemblée nationale, ne doit conduire à aucune restriction de la liberté d'expression et de réunion pacifique ainsi qu'au droit à la liberté et à la sûreté», ajoute la déclaration.
«La commissaire est particulièrement préoccupée par la disposition visant à interdire préventivement, par une décision administrative et sans contrôle préalable d'un juge, de prendre part à une manifestation, note encore le document. Elle s'inquiète également de celle érigeant en délit la dissimulation volontaire partielle ou totale du visage au sein ou aux abords d'une manifestation.»
«Dans un contexte si délicat, j'invite le gouvernement et le législateur à ne pas aller dans cette direction et à privilégier les voies du dialogue et à garantir le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales», a indiqué Dunja Mijatovic.