La situation actuelle au Venezuela est illégitime, car toute tentative d'écarter du pouvoir le Président élu est inadmissible et ne peut être justifiée par aucun argument, a déclaré à Sputnik Mehmet Necati Kutlu, directeur du Centre d'études des pays d'Amérique latine près l'Université d'Ankara.
«Le discours de Juan Guaido et son autoproclamation comme Président du Venezuela constituent une démarche extraordinaire et tout à fait anormale. Dans aucun pays du monde, la Loi fondamentale ne légitime une situation comme celle que l'on observe à présent au Venezuela», a rappelé l'interlocuteur de l'agence.
Et d'ajouter que la Constitution vénézuélienne ne contenait pas non plus d'articles qui prévoient le transfert de pouvoir sous une forme pareille.
«Une tentative pour écarter du pouvoir un dirigeant légalement élu n'a et ne peut avoir aucun fondement juridique», a insisté l'expert.
Selon ce dernier, la tentative de coup d'État et la confrontation ultérieure entre les camps politiques adverses ne manqueraient pas de provoquer le chaos dans le pays.
Un autre interlocuteur de Sputnik, Süleyman Şensoy, président du Centre turco-asiatique d'études stratégiques (TASAM), a mis en garde contre l'absence de règlement de la crise au Venezuela.
«La situation au Venezuela est compliquée par une série de problèmes graves, dont l'embargo économique et politique imposé par les États-Unis. Par ailleurs, ce pays est aujourd'hui confronté à une crise structurelle du pouvoir qu'il est extrêmement difficile à surmonter», a expliqué le politologue.
Il a toutefois souligné que cela ne pouvait aucunement justifier l'ingérence des forces étrangères, et notamment des États-Unis, dans les affaires intérieures de ce pays souverain.
«Si la crise au Venezuela n'était pas résolue par des actions efficaces et bien réfléchies, le pays risquerait de devenir une "Syrie latino-américaine" avec des turbulences politiques permanentes et la confrontation des intérêts de différentes forces. Nous nous souvenons tous de ces longues crises et de ces chaos politiques intérieurs qui ont "couronné" les tentatives pour reverser des dirigeants légitimement élus en Libye, en Irak et en Syrie», a résumé le Turc.
Le 27 janvier, la France, l'Espagne, l'Allemagne, le Royaume-Uni et la Belgique ont annoncé qu'ils seraient prêts à reconnaître Juan Guaido comme Président du Venezuela, si aucune élection n'était annoncée dans un délai de huit jours.
L'opposant Juan Guaido, renvoyé le 22 janvier du poste de président de l'Assemblée nationale vénézuélienne sur décision de la Cour suprême, s'est autoproclamé le lendemain «Président en exercice» du pays et a prêté serment pendant une manifestation à Caracas. Donald Trump l'a reconnu comme «Président par intérim».
Nicolas Maduro a estimé que les États-Unis avaient essayé d'organiser un coup d'État au Venezuela et a rompu les relations diplomatiques avec ce pays le 23 janvier. M.Maduro a qualifié M.Guaido de Président non constitutionnel.