Ukraine «absente»: un écrivain français en quête de liens Ukraine-Crimée n’en trouve pas

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Patrick Besson, écrivain français, a fait dans une récente tribune pour Le Point un récapitulatif historique, et partiellement culturelle, pour établir les liens de l'État ukrainien avec la Crimée - mais n'est pas parvenu à en trouver.

Souhaitant creuser plus profondément la question des liens entre Kiev et la Crimée, souvent soulevée après le rattachement de la péninsule à la Russie, l'écrivain français Patrick Besson s'est attelé au problème dans un article pour Le Point intitulé «Pour la Crimée». L'observateur du magazine a rappelé que la péninsule a fait partie de la Russie pendant des siècles, tandis que ni les manuels d'Histoire ni les écrivains tels que Léon Tolstoï ou Anton Tchekhov n'ont mentionné l'Ukraine dans le contexte de la guerre de Crimée.

Concrètement, quatre pages du livre d'Albert Malet et Jules Isaac «Naissance du monde moderne» (1961) sont dédiées à la guerre en question qui a duré de 1853 à 1856, mais «pas une fois les mots Ukraine ou Ukrainien n'apparaissent», constate Patrick Besson.

«Le sultan ne déclare pas la guerre, en 1853, à l'Ukraine mais à la Russie, dont le tsar n'est pas ukrainien mais russe: Nicolas Ier. L'Angleterre et la France ne rompront avec la Russie qu'en 1854, mais nulle part n'est annoncée une rupture de ces deux grandes puissances occidentales avec l'Ukraine.»

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Lorsqu'Otto von Bismarck a refusé de s'engager aux côtés des Russes, cela a été fait «sans jamais citer l'Ukraine dans ses explications». Ensuite, le futur roi d'Italie Victor-Emmanuel II et son ministre Cavour ont rangé le royaume de Sardaigne «aux côtés des Alliés contre la Russie, non contre l'Ukraine».

Quand les forces britanniques, françaises et sardes ont assumé la tâche de «détruire Sébastopol», l'écrivain pointe qu'il n'y a pas d'allusions à une quelconque flotte ukrainienne en Crimée, mais les forces alliées s'engagent contre la «base de la puissance maritime russe en mer Noire». La défense de Sébastopol est organisée également par un Russe, le général Édouard Todleben.

Vers la fin du conflit, le général Mac Mahon est venu enlever en septembre 1855 «le bastion Malakoff aux soldats russes, non à l'armée ukrainienne, qui n'existe pas».

«L'Ukraine, qui revendique pourtant aujourd'hui son autorité sur la presqu'île de Crimée, ne participera pas à la signature du traité de Paris (30 mars 1856), qui mettra un terme au conflit. Celui-ci ne restera pas dans l'Histoire comme la guerre d'Ukraine, mais comme celle de Crimée», termine-t-il son analyse historique.

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Sans pour autant s'en contenter, M.Besson a évoqué aussi l'aspect culturel, se tournant vers les œuvres des écrivains russes Tolstoï et Tchekhov pour trouver «une allusion quelconque à un rapport politique ou militaire entre la Crimée et l'Ukraine».

Dans «Les récits de Sébastopol» de Tolstoï, tous les militaires protégeant la ville sont russes et «même saouls» ne lèvent pas un verre de vodka en l'honneur de l'Ukraine. Et, bien que l'action de la nouvelle de Tchekhov «La dame au petit chien», publiée en 1899, se déroule à Yalta, site touristique criméen, «l'Ukraine est absente» du texte: les protagonistes ne sont pas Ukrainiens et on ne trouve aucune mention de ce pays, résume M.Besson.

Étant russe depuis 1783, la Crimée a été transférée pour des raisons administratives en 1954 par Nikita Khrouchtchev, alors dirigeant de l'Union soviétique, à la République socialiste d'Ukraine. En 2014, les habitants de cette péninsule ont exprimé par référendum leur choix de réintégrer la Russie.

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