«Tout le monde peut le remarquer. Ce n'est un mystère pour personne. Il y a des lieux plus propices, comme le métro, où l'on croise beaucoup de gens qui semblent perdus sans savoir exactement si c'est la conséquence de troubles psychiques, de l'alcool ou de drogues. Certes, il n'existe pas de statistiques pour dire s'il y en a plus qu'avant, mais ce n'est pas normal d'en voir autant.»
C'est le constat livré par Antoine Pelissolo, chef du service psychiatrie de l'hôpital Henri-Mondor de Créteil (Val-de-Marne), dans les colonnes du Parisien. Plus de 100 professionnels de santé ont remis une lettre à Agnès Buzin, ministre de la Santé, pour dénoncer une prise en charge insuffisante des patients en psychiatrie.
En effet, comme l'explique Antoine Pelissolo au Parisien, le fait de croiser des gens qui parlent seuls dans la rue indique «une souffrance psychique réelle […] Cela signifie que cette personne n'est pas soignée correctement ou qu'elle ne l'est pas du tout. Avec des traitements, on n'est pas censé avoir ce genre d'hallucinations.» Or, les services psychiatriques sont confrontés à un manque de budget qui impacte l'accueil et la prise en charge des personnes atteintes de troubles psychiques. Ainsi, à cause du manque de lits dans certains hôpitaux, des patients qui nécessitent un suivi plus long peuvent se retrouver dans la rue.
Certains internautes témoignent de leur rencontre avec des personnes présentant manifestement des troubles.
Dans mon métro y a un mec qui fait du HoulaHoop, jusque-là rien de bien fou, seulement ce serait plus impressionnant si le mec avait un cerceau… et un pantalon…
— Craboop 🦀 (@_capri_seum) 27 juillet 2018
Dans le métro un fou: il criait “douwie douwie” et faisait des bruits d’animaux, tout en tirant la langue
— Julie ☀️ (@Juubby) 11 janvier 2019
Quand tu as un fou à côté de toi, et qu’un deuxième est pas loin…. pour info je suis pas dans le métro parisien mais dans un train de nuit direction Toulouse….. ça va être long…. 7h de galère en perspective! Je vais faire nuit blanche je crois! pic.twitter.com/1HClAZiYbq
— A.S. (@sauvage_anthony) 14 janvier 2019
Le 26 octobre dernier, lors d'une manifestation, le personnel des hôpitaux psychiatriques de Paris alertait déjà sur la précarité de la psychiatrie en France.
Consciente des problèmes rencontrés par cette branche de la santé, Agnès Buzyn annonçait, en décembre dernier, une rallonge budgétaire de 50 millions d'euros pour la psychiatrie. La ministre de la Santé assurait que ces crédits seront «pérennes» et complétés en 2019 par la création d'un «fonds d'innovation» doté de 10 millions d'euros. Un geste nécessaire mais jugé insuffisant par ces psychiatres compte tenu des besoins des services.