Plusieurs partis politiques ont fait part de leur volonté d'accueillir des Gilets jaunes sur leur liste aux élections européennes qui se tiendront en mai prochain. De la gauche à la droite, tour d'horizon des différentes propositions.
Marque «Les Gilets jaunes»
Fin novembre, le président des Patriotes, ancien cadre du Front National, Florian Philippot a déposé à l'Institut national de la propriété industrielle (Inpi) la marque «Les Gilets jaunes». Selon son collaborateur, Joffrey Bollée, il s'agit d'«une précaution dans la perspective des européennes».
«On vise à constituer une liste hybride, mi-Patriotes mi-Gilets jaunes», affirme-t-il cité par l'Opinion.
Ce média indique toutefois que le parti fondé par l'ancien bras droit de Marine Le Pen voudrait ainsi élargir la base de ses soutiens. Pour le moment, d'après un récent sondage d'Odoxa, il récolte péniblement 1 % des intentions de vote. Le rapprochement avec les Gilets jaunes l'aiderait à recueillir 8% des suffrages aux élections européennes.
Pas de «récupération» du mouvement
Toujours selon un sondage Odoxa, le Rassemblement national est le seul à sortir gagnant de la crise des Gilets jaunes avec 24 % des intentions de vote. Il devance désormais La République en marche d'Emmanuel Macron de cinq points.
«Je ne suis pas dans une démarche de récupération, je ne suis pas dans une démarche électoraliste», a-t-elle déclaré, en soulignant que «l'intégralité des revendications qui sont exprimées» par les Gilets jaunes étaient déjà intégrées dans son projet présidentiel.
Néanmoins, s'exprimant sur Sud Radio, l'eurodéputé du Rassemblement national Nicolas Bay n'a pas écarté la possibilité d'inscrire des Gilets jaunes sur la liste du parti aux européennes.
«C'est une possibilité d'accueillir des Gilets jaunes sur notre liste aux européennes […] Nous tendons la main à tous ceux qui souhaiteraient prolonger leur combat», a-t-il déclaré.
La gauche est-elle «ouverte» aux Gilets jaunes?
Certains partis de gauche, toujours en recherche d'union en vue des élections européennes, proclament aussi leur solidarité avec les Gilets jaunes. Le secrétaire national du Parti communiste français, Fabien Roussel, a même déclaré souhaiter voir une «liste ouverte» au vote européen aux Gilets jaunes.
«La colère, si elle est seule, ne produit rien de bon. Nous voulons donner aussi l'espoir et montrer qu'il y a d'autres choix à faire», a-t-il lancé le 26 décembre sur RTL.
Plus tard, cette proposition a été réitérée par Ian Brossat, chef de file PCF aux élections européennes.
«Nous ouvrons notre liste à la France du travail donc il y a aura sur notre liste des Gilets jaunes, des cols bleus, des blouses blanches, donc toutes ces catégorie sociale qui travaillent dur, qui gagne peu et qui ont envie que ça change», a-t-il déclaré à BFM TV.
Selon lui, les élus PCF présents «sur le terrain» ont déjà «noué des contacts et des relations de confiance avec des Gilets jaunes».
«Notre but ce n'est pas de récupérer mais d'être récupéré», a-t-il déclaré à l'issu du 4e acte de la mobilisation.
Selon lui, «les trois quarts des revendications des Gilets jaunes sont» déjà dans le programme de son parti.
M. Mélenchon est toutefois critiqué par Benoît Hamon qui a présenté début décembre dans une interview au Monde sa candidature aux élections européennes en tête d'une «alliance citoyenne».
«Je ne suis pas là pour prendre des selfies avec les Gilets jaunes», affirme-t-il.
L'ancien candidat à la présidentielle relie le mouvement à «une disparition de la gauche dans la Répulique», qui «offrait, historiquement, un débouché politique à la colère social, à la demande de justice, de mieux vivre».
Fin du mouvement «apolitique»?
Initialement, le mouvement des Gilets jaunes a émergé comme un mouvement «apolitique» et décentralisé. Néanmoins, certaines figures se prononcent pour sa transformation en force politique et sa participation au processus électoral.
C'est notamment le cas de Jean-François Barnaba, un «Gilet jaune de l'Indre», qui a déclaré début décembre à France Inter travailler sur «une liste Gilets jaunes aux européennes».
«Nous avons pour ambition d'être la première force politique de France», avait-il alors déclaré le 4 décembre.
«Ce serait indécent et contre-productif que des personnalités cherchent à récupérer ce mouvement», a-t-il expliqué.
Le Parisien indique toutefois qu'il sera difficile de mettre une telle initiative en œuvre. Le média se demande si les Gilets jaunes arriveront à désigner la «tête de liste qui fasse consensus» et à bâtir un programme commun. Un autre problème serait le financent d'une campagne électorale. Selon La Parisien, le coût est estimé à au moins un million d'euros.