Si un décret interdisant aux entreprises américaines d'utiliser des équipements de télécommunications fabriqués par le groupe chinois Huawei est adopté et entre en vigueur, cela pourra impliquer des dépenses supplémentaires, dépassant un milliard de dollars pour les opérateurs ruraux, a estimé dans un entretien accordé à Sputnik Daniel Ives, chef du service analytique à la société new-yorkaise Wedbush Securities.
«Tout cela paraît bon sur le papier et est évidemment important pour la sécurité nationale, mais on ne voit pas comment le réaliser, vu les dépenses supplémentaires incombant aux opérateurs utilisant notamment les commutateurs fabriqués par Huawei. […] Le gouvernement va-t-il subventionner le passage à un nouvel équipement?», a demandé l'interlocuteur de l'agence.
Et d'admettre toutefois que la création d'un réseau 5G constituait une étape de la course aux armements entre les États-Unis et la Chine.
«Je pense qu'il s'agit effectivement là d'une question très sérieuse, Huawei étant plus que jamais le premier fournisseur mondial d'équipements de réseaux de télécommunications», a indiqué l'expert.
Selon ce dernier, vu une éventuelle réaction symétrique de la Chine à l'égard d'Apple, on doit faire preuve de prudence lors de la réalisation d'un tel décret.
«Pour des entreprises comme Apple, la Chine reste toujours un élément clé pour leur niveau de demande et d'offre […] et ce d'autant plus qu'il s'agit d'entreprises et de pays qui sont très étroitement liés sur le plan technologique», a rappelé l'Américain.
Le décret que se proposerait de signer Donald Trump interdit aux entreprises américaines d'acheter des équipements «à des groupes télécoms étrangers présentant d'importants risques pour la sécurité nationale», mesure qui vise évidemment Huawei sans toutefois nommer ce groupe chinois.
Les observateurs constatent que les équipements de Huawei, en particulier pour le réseau 5G, sont dans le collimateur des États-Unis, qui soupçonnent l'entreprise d'y installer de discrètes portes dérobées. Washington fait aussi pression sur ses alliés pour que leurs infrastructures n'utilisent aucun équipement du groupe.
C'est dans ce contexte qu'est intervenue l'arrestation de Meng Wanzhou, à Vancouver, le 1er décembre, sur demande de la justice américaine. La directrice financière de Huawei aurait trompé des institutions financières concernant des transactions en Iran, des opérations qui enfreignent l'embargo américain imposé au pays. Pékin ne cesse depuis de protester contre Washington et contre Ottawa.