Le mouvement des Gilets jaunes a provoqué le resurgissement de la question sociale comme question majeure de la politique en France. Bien entendu, la question sociale n'avait jamais complètement été évincée. Mais, la dimension générale du pouvoir d'achat, de la pauvreté dans laquelle se débattent des millions de français, avaient eu tendance à être occultés, voire remplacés par des questions sociétales comme celle du «mariage pour tous».
Le mouvement comme force collective
Le resurgissement de la question sociale
La forte présence des femmes dans ce mouvement, qui rappelons-le fut lancé par des vidéos réalisées par des femmes, leur présence massive sur les ronds points, est aussi une indication de la profondeur de cette question sociale et de l'urgence mise à jour par ce mouvement. On dira, et ce n'est pas faux, qu'il ne concerne qu'une partie des français. Les couches sociales qui forment la base des Gilets jaunes étaient d'ailleurs, jusqu'à maintenant les «français invisibles», ceux qui travaillaient, péniblement et souvent aux limites de la misère, ou les retraités, dont les conditions sont aussi de plus en plus précaires pour une large part d'entre eux. L'irruption sur la scène politique et la scène médiatique de ces «invisibles» a donc fait l'effet d'un choc, tout comme leurs revendications ont bouleversé les ordres du jour établis à l'avance des élites politiques françaises. Ce choc et ce bouleversement doivent aussi beaucoup au soutien très majoritaire dont le mouvement a bénéficié, et continue pour l'heure de bénéficier, dans l'opinion politique française [3].
Ce mouvement va durablement peser sur la société française. Car mouvement des Gilets jaunes n'est aujourd'hui pas terminé. On le voit avec les diverses manifestations du samedi 22 décembre. Ses formes vont évoluer. Il va poser de manière de plus en plus claire la question du rapport à l'Union européenne et à l'Euro. Mais son impact est d'ores et déjà considérable sur la société française, sur les institutions comme sur la vie politique. La seule incertitude aujourd'hui réside dans le temps qu'il faudra pour que les changements issus de ce mouvement se cristallisent et s'institutionnalisent.
[1] Guilluy C., La France périphérique: Comment on a sacrifié les classes populaires, Paris, Flammarion, coll. Champs, 2015.
[3] Ifop-Fiducial pour CNews et Sud Radio, « Balises d'opinion », Le regard des Français sur le mouvement des « Gilets jaunes » et sur les alternatives à Emmanuel Macron, Novembre 2018 et sondage BVA, https://gallery.mailchimp.com/9159d767cdbf427eb1c520474/files/b1249d2d-71f7-40b8-98a7 c1a976a9eb4b/Rapport_de_résultats_BVA_Orange_La_Tribune_RTL_Baromètre_politique_Vague_117_Novembre_2018.pdf
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