Il y a trente ans, l'explosion d'un Boeing 747 de la compagnie Pan Am en plein vol au-dessus du village de Lockerbie, en Écosse, a causé la mort de 270 personnes, dont la plupart étaient des Américains. En août 2003, la Libye a reconnu sa responsabilité dans l'attentat et s'est engagée à verser des compensations aux familles des victimes à hauteur de 2,7 milliards de dollars au total. Pourtant, ce geste n'a pas mis fin aux débats des observateurs, dont certains estiment que Tripoli y a recouru afin de faire lever les sanctions à son égard.
Piste iranienne
Mme Khreesat se présente en tant que fille de Marwan Khreesat, membre du groupe terroriste palestinien ayant organisé l'explosion, et son histoire s'inscrit bien dans une théorie selon laquelle l'attentat de Lockerbie était une vengeance de Téhéran pour la destruction du vol 655 d'Iran Air par un missile américain survenue cinq mois plus tôt.
D'après Mme Khreesat, son père a laissé un dossier entier qui montre que le chef du groupe, Ahmed Jibril, avait reçu des milliards de dollars de la part de Téhéran pour orchestrer l'attaque. «Je pense qu'il est le responsable et qu'il a un accord avec le gouvernement iranien», a déclaré l'interlocutrice du journal.
Hypothèse pas très neuve
En 2014, la chaîne satellitaire qatarie Al Jazeera a diffusé un documentaire accusant l'Iran d'avoir fait exploser le vol 103 de la Pan Am. Les réalisateurs se basaient sur le témoignage de l'ancien officier des renseignements iraniens Abolghasem Mesbahi, qui a fui en Allemagne dans les années 1990.
Selon ce dernier, l'Iran avait décidé de se venger pour la destruction du vol 655 «dès que possible», alors que la décision avait été prise «par le système iranien et confirmée par l'ayatollah Khomeini». Téhéran avait naturellement démenti ces accusations, rejetant tout lien avec l'attentat de Lockerbie.
Damas pas épargné de soupçons
L'officier transfuge affirmait également qu'Ahmad Jibril, chef du Front Populaire pour la libération de la Palestine-Commandement général (FPLP-CG) basé à Damas, avait préparé l'opération. Pour sa part, l'ex-employé de la CIA Robert Baer prétendait dans le même documentaire que l'agence de renseignement US avait rapidement acquis la conviction de l'implication du FPLP-CG dans l'attentat.
Fin 2013, la Chaîne 4 britannique avait rendu publique la retranscription de l'audition d'un autre agent de la CIA, le Dr Richard Fuisz, qui désigne le FPLP-CG coupable de l'attaque, évoquant ses entretiens avec une quinzaine de responsables de l'armée qui avaient été en contact permanent avec le chef de l'organisation, Ahmed Jibril. La CIA s'est néanmoins abstenue de tout commentaire à ce sujet.