L'expansion chinoise a d'abord ciblé le voisinage géographique du pays, notamment l'Asie du Sud-Est, du Sud et centrale, avant de porter son regard sur d'autres continents, ecrit le quotidien Nezavissimaïa gazeta. Pékin accorde une attention particulière à l'Afrique, très riche en ressources naturelles dont la Chine a cruellement besoin.
Afin d'examiner les questions relatives à la coopération économique, les partenaires ont créé le forum «Chine-Afrique» où se réunissent annuellement les hauts responsables de la Chine et de la plupart des pays africains. Au cours de la dernière réunion à Pékin en septembre 2018, le président chinois Xi Jinping a promis d'investir 60 milliards de dollars dans les économies africaines: 35 milliards sous forme de subventions, d'emprunts et de crédits, 10 milliards pour une fondation sino-africaine d'octroi de crédits aux projets de développement et 5 milliards pour encourager les importations africaines. Selon les calculs de Pékin, les 10 milliards restants devraient provenir des entreprises chinoises (qui n'ont visiblement pas le choix).
Les Chinois écartent très activement et efficacement les Européens et les Américains hors du continent. Les leaders africains préfèrent travailler avec les Chinois, qui sont aussi riches que les Occidentaux mais beaucoup plus neutres d'un point de vue politique. Cette emprise chinoise commence à susciter des contestations populaires dans certains pays africains (notamment en Zambie), que les autorités arrivent pour le moment à réprimer. Une autre raison du mécontentement des Africains est le racisme ouvert des Chinois. L'attitude de ces derniers envers la population locale est souvent encore plus dure que celle des anciens colonisateurs blancs.
La progression chinoise en Afrique a été considérablement favorisée par le retrait de l'URSS de la région. Les livraisons d'armes chinoises vers l'Afrique ont débuté dans les années 1970.
Les ventes d'armes
Au XXIe siècle, le volume des livraisons chinoises a considérablement augmenté, ce qui a définitivement transformé l'aspect de l'armée tanzanienne. Les chars Type 59 ont été modernisés selon le standard Type 59G, alors que les troupes ont reçu 10 chars légers modernisés Type 63A, 15 véhicules blindés, 10 canons mobiles de 120mm PLL-05, 12 lance-roquettes multiples de 300mm A-100, 50 missiles sol-air portables FN-6, 14 chasseurs J-7TN (la version la plus moderne de cet avion), 6 avions d'entraînement de dernière génération K-8 et 2 vedettes Type 037-1.
La Zambie s'est retrouvée dans la sphère d'influence chinoise pratiquement à la même époque que ses voisins tanzaniens. A la fin des années 1970, son armée a reçu 18 canons de 130mm Type 59-1 (copie du M-46 soviétique), 12 chasseurs J-6 et 12 avions d'entraînement. Dans les années 1990, la Zambie, tout comme la plupart des pays africains, n'a pratiquement acheté aucune arme à l'exception des avions de transport chinois Y-12. Au XXIe siècle, la Chine est devenue majoritaire dans la structure des importations d'armes de la Zambie. Cette dernière a notamment acheté plusieurs Y-12, 2 MA60, 7 hélicoptères polyvalents Z-9, 16 avions d'entraînement K-8 et 6 avions de combat et d'entraînement de dernière génération L-15. Le pays a également acquis 100 missiles air-air et air-surface, ainsi qu'au moins 50 bombes guidées. L'armée de terre zambienne a quant à elle reçu 6 véhicules de transport de troupes WZ-551.
Les clients riches
Les clients les plus riches de la Chine sont les pays d'Afrique du Nord, notamment l'Algérie et le Maroc. Ainsi, la Chine a livré en Algérie 3 frégates S-28A et au moins 90 pièces d'artillerie (PLZ-45n Type 88, SR-5). Le Maroc a acquis 54 chars Type 90-2, 12 lance-roquettes multiples AR-2 (PHL-03), 50 missiles antichars HJ-8 et 6 systèmes antiaériens «Bouclier céleste».
Au XXIe siècle, le Gabon a également rejoint les rangs des acheteurs de véhicules chinois en acquérant 6 véhicules blindés et 30 lance-roquettes multiples. La Guinée équatoriale, enrichie par les ventes de pétrole, a acheté un navire de débarquement (même si l'on peut se demander où elle envisage de faire débarquer ses troupes).
Le Soudan est le client principal de la Chine dans le nord-est de l'Afrique. Ses adversaires du Soudan du Sud ont également acquis 100 missiles antichars HJ-73D et 50 missiles antiaériens QW-2. Depuis la fin des années 1990, l'Éthiopie a acheté 30 véhicules de transport de troupes Type 89 et WZ-551, 18 canons de 155mm Type-88, 25 lances roquettes multiples Type 63 et plusieurs missiles antiaériens HQ-64.
L'Angola fait partie des cinq principaux exportateurs de pétrole vers la Chine, mais ses achats d'armes chinoises restent assez limités car ce pays préfère toujours l'armement russe. En 2016, il a pourtant acquis 5 véhicules de transport de troupes WZ-551 et 10 véhicules de combat WMA-301 (PTL-02). Dans le même temps, Pékin est devenu le fournisseur numéro un de la Namibie avec plus de 30 véhicules de transport de troupes WZ-523, 12 chasseurs J-7NM, 2 avions de transport Y-12 et 4 avions d'entraînement K-8, 2 hélicoptères de combat W-9 et un patrouilleur.
«Un collier de perles»
Aujourd'hui, Pékin implique très activement l'Afrique dans son projet politique et économique principal «La Ceinture et la Route», ainsi que dans sa stratégie militaire «Collier de perles» qui prévoit la construction de bases militaires à l'étranger. Les ports de Nacala (Mozambique), de Victoria (Seychelles), d'Antsiranana (Madagascar), de Mombassa (Kenya) et de Dar es Salaam (Tanzanie) sont actuellement utilisés pour la maintenance des navires chinois et le repos de leurs équipages.
Il ne fait aucun doute que la base chinoise de Djibouti ne sera pas la seule d'Afrique — ni du monde. Le «collier de perles» devrait contourner le continent par le sud pour atteindre l'océan Atlantique. Ainsi, des sites militaires chinois pourraient apparaître en Namibie, au Nigeria ou dans d'autres pays d'Afrique occidentale. Ce continent ferait alors de la Chine une puissance globale non seulement économique, mais aussi militaire.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.