La réalisation des deux projets aussi importants que sont le gazoduc Turkish Stream et la centrale nucléaire d'Akkuyu est d'une portée extraordinaire aussi bien pour l'économie de la Turquie et le développement des relations entre Moscou et Ankara que pour la géopolitique énergétique dans la région, a déclaré à Sputnik Murat Kalsin, président de l'Association turque pour l'efficacité énergétique (ENVER).
«Les pays choisissent en règle générale la voie la plus efficace et la meilleure marché pour s'approvisionner en sources d'énergie. Et on sait bien que la voie la meilleure marché, c'est la voie la plus courte. Grâce à sa situation géopolitique, notre pays est tout indiqué pour livrer des hydrocarbures en Europe», a poursuivi l'interlocuteur de l'agence.
Et de rappeler qu'une bonne partie du gaz russe qui serait transportée en Turquie par les deux tubes du gazoduc Turkish Stream au fond de la mer Noire sera exportée vers l'Europe.
«Le projet Turkish Stream est destiné à acheminer via la Turquie vers l'Europe environ 32 milliards de mètres cubes de gaz russe par an. Et en Turquie, à lui seul, ce pipeline approvisionnera en gaz 15 millions de ménages, alors que la centrale nucléaire d'Akkuyu permettra au pays de réduire considérablement ses propres importations de gaz», a indiqué M.Kalsin.
En mentionnant l'embargo américain à l'encontre de l'Iran, l'interlocuteur de l'agence a rappelé que toute instabilité dans la région se répercutera sur le prix de l'énergie importée par la Turquie.
«L'instabilité qui pourrait survenir dans la région signifiera une augmentation du prix de l'énergie non seulement pour nous, mais aussi pour la plupart des pays du monde. En cas de diminution du nombre de sources d'importation d'énergie, le prix des importations que nous recevons d'autres régions connaîtra un bond», a-t-il expliqué, pointant la nécessité de la paix et de la stabilité dans la région.
La partie maritime du Turkish Stream, qui a relié les systèmes énergétiques russe et turc, a été achevée par la Russie le 19 novembre 2018. La seconde partie reliera la Turquie aux pays du sud et du sud-est de l'Europe et servira à transporter du gaz russe à destination de l'Union européenne.
Une fois achevé, le gazoduc sera en mesure d'acheminer vers l'Europe 31,5 milliards de mètres cubes de gaz par an. Il cible les marchés de l'énergie de Grèce, d'Italie, de Bulgarie, de Hongrie et de Serbie. Le projet devrait être achevé d'ici la fin 2019.
La Russie et la Turquie ont signé en mai 2010 un accord intergouvernemental prévoyant la construction d'une centrale nucléaire à Akkuyu à l'issue d'un appel d'offres lancé en 2007 où la Russie avait devancé 13 autres sociétés de différents pays.