Pour perpétrer cette attaque terroriste, le groupe islamiste sunnite Ansar al-Fourkan avait évidemment ses raisons, dont la vengeance de l'assassinat de son leader par les forces de l'ordre iraniennes, a estimé dans un entretien accordé à Sputnik le professeur à l'Université de Téhéran Pir Mohammad Mollazehi, spécialiste des problèmes régionaux de l'Afghanistan, du Pakistan et de l'Inde, commentant pour Sputnik l'attentat de Chabahar.
«Il y a quelques mois, ce groupe a été attaqué par les forces de sécurité iraniennes et son leader Jalil Qanbar-Zehi a été tué. Il se peut que cela explique la vengeance d'Ansar al-Fourkan contre les militaires iraniens à Chabahar, où ce groupe exploite le mécontentement et le désespoir des jeunes», a poursuivi l'interlocuteur de l'agence.
Et de rappeler que Chabahar était une ville portuaire où une zone économique spéciale (ZES) était en vigueur, particularité qui avait divisé la population en deux groupes sociaux.
«Il y a là des hommes d'affaires riches, ainsi que beaucoup de pauvres […] qui croupissent dans des taudis […], ce qui permet au groupe terroriste d'exploiter cette situation sociale pour conditionner idéologiquement les jeunes et les recruter dans ses rangs afin de s'opposer au pouvoir de l'État en Iran», a indiqué le politologue.
Il a par ailleurs signalé que le groupe Ansar al-Fourkan se composait de représentants de la branche sunnite de l'islam.
«Ils estiment notamment que l'Iran, en tant que pays chiite, ignore les droits des sunnites, qui sont privés par conséquent du soutien de l'État. C'est justement cette rupture de classe au sein de la société dans cette région qui facilite les agissements des radicaux de ce groupe», a note l'expert.
Et de résumer que les discriminations ethno-confessionnelles, économiques et sociales dont les sunnites faisaient l'objet dans cette région permettaient au groupe Ansar al-Fourkan d'y mener une activité subversive contre le pouvoir de l'État iranien en place.
Une voiture piégée a explosé le 6 décembre dernier à Chabahar, une ville portuaire dans le sud-est de l'Iran, près d'un commissariat de police, faisant selon différents bilans entre deux et quatre morts et une quarantaine de blessés. Revendiqué par le groupe islamiste sunnite Ansar al Fourkan, cet attentat a été perpétré dans la province à forte minorité sunnite du Sistan-Baloutchistan, alors que l'écrasante majorité de la population iranienne est chiite. Par ailleurs, cette province se trouve être le théâtre de fréquentes attaques attribuées à des groupes djihadistes.