Le refus de l'Arabie saoudite d'extrader les personnes suspectées d'être impliquées dans l'assassinat de Jamal Khashoggi est très décevant et la communauté internationale doit demander à ce qu'elles soient jugées en vertu du droit international, a déclaré lundi à Reuters le directeur de la communication de la présidence turque, Fahrettin Altun.
Il a souligné que ce refus serait utilisé par ceux qui «croient que l’Arabie saoudite essaie de faire passer sous silence cet assassinat».
Selon lui, les autorités saoudiennes n'ont pas été suffisamment coopératives et les procureurs du pays n'ont guère manifesté «l'intention de faire la lumière sur ce qui est arrivé à M. Khashoggi».
Il a également tenu à faire remarquer que le consul saoudien à Istanbul «était apparemment complice de ce crime», car il ne pouvait pas, toujours selon M. Altun, ignorer le fait que des des agents des services de renseignement saoudiens, y compris un expert en médecine légale, venaient à Istanbul dans le but précis de tuer Khashoggi.
Plutôt ce lundi, le ministre des Affaires étrangères du royaume Adel al-Joubeir a annoncé que Riyad ne livrerait pas à la Turquie les personnes soupçonnées de l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi. Il a expliqué cette décision par le fait que les autorités turques n’ont pas été suffisamment «ouvertes» et que les autorités saoudiennes, quant à elles, voulaient «découvrir la vérité» et ne «rien cacher».
Jamal Khashoggi a été tué le 2 octobre au consulat saoudien à Istanbul où il s'était rendu pour effectuer des démarches administratives. Après avoir d'abord nié le meurtre, les autorités saoudiennes ont fini par reconnaître que l'éditorialiste avait trouvé la mort lors d'une opération «non autorisée». Plus de deux mois après sa mort, son corps n'a toujours pas été retrouvé. 21 suspects ont été arrêtés dans le cadre de l'affaire, selon le bureau du procureur général à Riyad. Onze de ces suspects ont été inculpés, et le procureur général a requis la peine de mort à l'encontre de cinq d'entre eux, accusés d'avoir «ordonné et commis le crime».