Emmanuel Macron, qui devait participer à la conférence de Marrakech consacrée à la signature du Pacte mondial sur les migrations, y déléguera le secrétaire d'État aux Affaires étrangères Jean-Baptiste Lemoyne, ont annoncé vendredi des médias.
Pour rappel, la conférence de Marrakech ne ferait que «formellement entériner» le Pacte avant une «résolution prévue à l’Assemblée générale» des Nations Unies le 19 décembre.
En septembre dernier, M.Macron avait annoncé devant l'Assemblée générale des Nations unies son soutien au Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières adopté deux mois plus tôt.
Mais «il y a une question d'opportunité politique: aller à Marrakech aujourd'hui, c'est offrir un boulevard à tous ceux qui critiquent le Pacte, avec un risque de mauvais signal à la population», analyse un observateur européen cité par l’AFP.
Plusieurs représentants des Républicains (LR), du Rassemblement national et Debout la France ont demandé au gouvernement de ne pas s’associer au texte, voire de le soumettre à l'approbation du parlement, comme l'a promis en Italie le ministre de l'Intérieur Matteo Salvini.
Les expressions d’inquiétudes anti-migrants déferlent aussi sur les réseaux sociaux des Gilets jaunes où certains internautes évoquent la nécessité d’organiser un référendum d’initiative populaire concernant le Pacte.
Le Pacte mondial sur les migrations de l'ONU est appelé à renforcer «la coopération relative aux migrations internationales sous tous leurs aspects». Le texte d’environ 40 pages détaille 23 objectifs dont: «lutter contre les facteurs négatifs et les problèmes structurels qui poussent des personnes à quitter leur pays d'origine», «sauver des vies», «ne recourir au placement en rétention administrative des migrants qu'en dernier ressort», ou «assurer l'accès des migrants aux services de base».
L'Australie, l'Autriche, la Bulgarie, l’Estonie, la Hongrie, Israël, l’Italie, la Lettonie, la Pologne, la République dominicaine, la République tchèque, la Slovaquie et la Suisse ne veulent ainsi pas participer à l’adoption du Pacte à Marrakech. Ils ont annoncé qu'ils n'enverraient pas de représentants au Maroc.
Le Pacte n'est juridiquement pas contraignant, mais les pays qui l’ont rejeté ont fait valoir qu'ils voulaient conserver une gestion nationale des flux migratoires et qu'ils redoutaient l'utilisation du Pacte lors de recours devant la justice.