Yad Vashem, centre mondial de documentation, de recherche, d'éducation et de commémoration de la Shoah, est profondément préoccupé par l'ignorance du problème de l'Holocauste et l'antisémitisme en Europe qu'a révélés le récent sondage réalisé pour CNN, a déclaré à Sputnik Avner Shalev, directeur du centre.
«Nous avons créé une multitude d'instruments pour promouvoir l'éducation et parvenir à une compréhension plus profonde des problèmes de l'Holocauste et de l'antisémitisme», a indiqué l'interlocuteur de l'agence.
Selon ce dernier, bien qu'il soit irremplaçable dans la lutte contre l'antisémitisme, le travail d'éducation sur l'Holocauste doit être «complété par une législation d'État et la stricte application de la loi».
Pour Jean-Yves Camus, directeur de l'Observatoire des radicalités politiques de la Fondation Jean-Jaurès, les résultats du sondage commandé par CNN ne sont pas étonnants, mais alarmants.
Il a notamment estimé que l'Holocauste représentait quelque chose de très accablant pour tout Européen, car il était arrivé en Europe, continent considéré comme le plus civilisé du monde.
Selon le politologue, c'est un lourd fardeau pour la conscience de la plupart des Européens, dont beaucoup sont toutefois enclins à estimer que les juifs sont des instruments de l'État d'Israël. Il constate par ailleurs que les extrémistes tant de gauche que de droite ont tendance à considérer les juifs comme la cinquième colonne, comme des agents israéliens dans leur pays.
M.Camus regrette que le stéréotype selon lequel les juifs ont trop d'influence sur le monde des affaires, les marchés financiers, les médias et le monde politique soit invariablement exploité à titre d'arme politique contre les juifs.
De son côté, le Rabbin Abraham Cooper, directeur de l'agenda d'action sociale mondiale du Centre Simon Wiesenthal, a appelé à moins de paroles et à plus d'actions, soulignant notamment que l'éducation et des actes concrets de la direction politique et des médias y constituaient la priorité première.
«Les médias en Europe diabolisent Israël. Le meilleur moyen de briser les stéréotypes est de créer des possibilités pour éducation. Le principal est d'établir des contacts des jeunes avec leurs confrères juifs au sein de leurs communautés», a résumé l'expert.