En avril 2017, dans le district d'al-Rashidin, dans l'ouest du gouvernorat d'Alep, des radicaux ont fait exploser un car à bord duquel des habitants des villes assiégées de Foua et de Kafraya prenaient la fuite. Des centaines de personnes ont été tuées ou blessées. Le sort de plusieurs d'entre elles reste toujours inconnu. Dans la confusion, une adolescente a été enlevée. C'était Ilaf que ses parents ont perdue en cherchant la liberté.
«Après l'explosion, les radicaux m'ont amenée en Turquie et m'ont placée dans un hôpital parce que j'avais des blessures partout: au visage, à l'épaule, à la hanche», s'est souvenue Ilaf dans un entretien accordé à Sputnik.
Et d'ajouter que, n'ayant pas confiance en eux, elle ne permettait pas aux médecins de l'opérer.
«Là-bas, je ne cessais de penser à ma mère. Je ne savais pas si elle était encore de ce monde et ce qui était arrivé au reste de ma famille. Le désir de revenir en Syrie ne m'a jamais quitté un seul instant», a avoué l'interlocutrice de l'agence.
À la sortie de l'hôpital, Ilaf a été placée dans un camp pour réfugiés syriens sur le territoire turc. Elle y a rencontré une Syrienne, Oumm Mohammed, qui l'a aidée à retrouver et contacter sa famille qui habite à présent à Lattaquié, sur le littoral de la Méditerranée.
Le 21 novembre, le Croissant-Rouge syrien et des organisations humanitaires turques ont organisé le rapatriement d'Ilaf et son retour dans sa famille. La mère de l'adolescente a confié à Sputnik que, chaque soir avant de se coucher, elle regardait une photo de sa fille qui lui apparaissait ensuite en rêve. C'est ainsi qu'a fini heureusement le calvaire de cette famille syrienne.
Désormais, Ilaf rêve de poursuivre et d'achever ses études. Elle a 16 ans, mais ces cinq dernières années, elle n'a pas fréquenté l'école. À Foua et Kafraya, les écoles avaient été fermées à cause de pilonnages incessants.
«Auparavant, je rêvais de partir de Kafraya pour poursuivre mes études. Pourtant, la vie en a décidé autrement. À présent, je veux encore plus revenir à l'école», a avoué la jeune fille.
Le gouvernement syrien a élaboré un programme spécial pour des études scolaires accélérées, bien des enfants n'ayant pu fréquenter l'école des années durant.
C'est déjà en 2012 que le groupe terroriste Front al-Nosra* et ses alliés se sont mis à assiéger les villages à majorité chiite de Foua et Kafraya. Pendant les trois premières années, les habitants avaient pu parfois évacuer des personnes gravement malades et grièvement blessées vers Idlib, chef-lieu du gouvernorat homonyme. Mais, en 2015, les radicaux ont envahi ce gouvernorat, en bloquant totalement les habitants de ces deux villes syriennes qui étaient pilonnées en permanence. Pour que les convois humanitaires puissent y entrer, il fallait s'en entendre spécialement avec les occupants. Les gens mouraient de pénurie d'eau, de nourriture et de médicaments. Les radicaux n'hésitaient pas à se servir du siège de Foua et de Kafraya pour négocier avec le gouvernement syrien l'échange des habitants contre leurs combattants.
*Organisation terroriste interdite en Russie