La rencontre entre les Présidents Poutine et Trump au sommet du G20 en Argentine, le dollar qui «quitte» l'économie russe et les sanctions contre Moscou ont été parmi les sujets évoqués mercredi par le Président Poutine lors du forum d'investissement «La Russie appelle» à Moscou.
La Russie n'a rien contre le dollar, mais «c'est bien le dollar qui sort de la Russie»
«La Russie ne cherche pas à sortir du dollar, c'est bien le dollar qui sort de la Russie. Ceux qui prennent ces décisions [les sanctions, ndlr] se tirent une balle non pas dans le pied mais un peu plus haut», car cette politique pousse d'autres pays à trouver des monnaies de réserve alternatives», a-t-il affirmé.
Moscou entend s'émanciper du système SWIFT
D'après M.Poutine, la Russie et ses partenaires commerciaux clés œuvrent pour la création de systèmes permettant de se passer du système interbancaire international SWIFT. La société belge a annoncé en octobre 2014 qu'elle faisait l'objet de pressions de certains pays insistant pour qu'elle se joigne aux sanctions contre la Russie, notant toutefois qu'elle n'avait pas l'intention d'y céder.
«Nous travaillons activement avec certains pays, avec nos principaux partenaires commerciaux, sur la mise au point de systèmes qui seraient indépendants de SWIFT», a-t-il déclaré.
Premier commentaire de Poutine sur l'incident dans le détroit de Kertch
Dans le contexte de l'aggravation de la situation après l'incident dans le détroit de Kertch, où trois navires militaires ukrainiens ont violé le 25 novembre les eaux territoriales russes avant d'être arraisonnés par les gardes-côtes russes, Vladimir Poutine a expliqué en quoi ce qu'il a qualifié de provocation serait profitable au chef d'État ukrainien Piotr Porochenko.
«En ce qui concerne l'incident dans la mer Noire, c'est une provocation, sans doute organisée par les autorités ukrainiennes, y compris par le Président qui agit à l'approche de la présidentielle en Ukraine programmée pour mars», a noté M.Poutine.
«Ils ont avoué qu'ils étaient des agents du Service de sécurité d'Ukraine. Ce sont des signes d'une provocation préparée d'avance et destinée à servir de prétexte pour introduire la loi martiale en Ukraine», ce qui n'a rien à voir avec les tentatives d'améliorer les relations ukraino-russes, a-t-il précisé.
«Politique myope» des sponsors de Kiev
En plus, les personnes actuellement au pouvoir en Ukraine, qui font la promotion des mesures antirusses, bénéficient d'un vaste soutien de pays étrangers. Cette «politique myope» gâte les autorités du pays qui n'ont ainsi aucune raison de «travailler comme il faut dans le pays et de mener une politique économique normale», d'après M.Poutine.
Or, l'Ukraine fait face à des problèmes économiques, sociaux et financiers, «elle mendie sans cesse auprès du Fonds monétaire international (FMI) et les générations futures devront un jour payer ces dettes».
«Kiev est toujours blanchi, s'il voulait manger des bébés au petit-déjeuner, il serait servi. On dira qu'ils ont faim et rien à faire», a ironisé le Président russe.
Pétrole: Moscou prêt à poursuivre sa coopération dans le cadre de l'accord OPEP+
«Nous sommes actuellement en contact avec l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et nous poursuivrons ce travail conjoint si c'est nécessaire», a-t-il déclaré avant de rappeler que 24 pays producteurs de pétrole, membres et non-membres de l'OPEP, avaient pour la première fois réussi à réaliser à 100% leur entente sur la régulation du marché.
Le chef du Kremlin a salué le travail accompli par le prince saoudien Mohammed ben Salmane dans le cadre de l'accord sur la stabilisation de l'offre et de la demande sur les marchés pétroliers.
La Russie d'après-Poutine
À la question de savoir ce qui arrivera à la Russie après son départ de la politique, M.Poutine a espéré que le pays continuerait de changer vers le mieux.
«Je peux vous dire que la Russie se sent déjà assez indépendante et autonome, mais elle est prête à coopérer avec tous nos partenaires, y compris avec les États-Unis […]. Nous avons plusieurs projets nationaux et j'espère qu'ils seront plus au moins réalisés. C'est une mission très ambitieuse, mais si nous avançons avec confiance, le pays changera, vers le mieux», a déclaré le Président.
Sanctions contre la Russie, un «coup dur pour l'Europe»
Après l'incident du détroit de Kertch, plusieurs dirigeants politiques européens, dont le Président polonais Andrzej Duda ou le chef de la commission des Affaires étrangères du Bundestag Norbert Röttgen, ont évoqué la possibilité de nouvelles sanctions économiques contre Moscou. Toutefois, selon le journal Die Welt, les diplomates français et allemands réunis à Bruxelles auraient jugé nécessaire d'adopter des mesures visant à «renforcer la confiance» entre l'Europe et Moscou et se seraient opposés à l'introduction de nouvelles sanctions à l'encontre de la Russie.
Selon M.Poutine, les sanctions adoptées pour des raisons politiques portent aussi préjudice à leurs auteurs et les sanctions imposées à la Russie ont été un coup dur pour l'UE qui «a perdu 400.000 emplois».
«Toutes les restrictions politiquement motivées et illégales du point de vue des normes juridiques internationales et des normes de l'OMC ont un effet néfaste pour tout le monde, y compris pour ceux qui les adoptent», a estimé le chef d'État.
L'économie russe s'est adaptée aux sanctions
Selon le Président russe, l'économie russe s'adapte aux difficultés et crée des conditions pour la croissance.
«À mon avis, il est clair que, malgré tous les phénomènes de crise et même les difficultés créées artificiellement, l'économie russe s'adapte à ces difficultés […] et crée les conditions de son propre développement», a noté M.Poutine.
La Russie a renoncé aux importations dans son industrie de défense
«Nous avons pratiquement renoncé aux importations dans le domaine de la production des matériels de guerre. Nous nous en occupons tout le temps, nous organisons des réunions des responsables du secteur de défense et des forces armées deux fois par an et ces discussions durent une semaine — nous passons une semaine à Sotchi pour discuter des questions à l'ordre du jour», a annoncé le chef suprême des armées.
Sommet Poutine-Trump: le Président américain «a une attitude plutôt positive»
M.Poutine a noté qu'il comptait rencontrer son homologue américain en Argentine au cours du prochain sommet du G20 qui aura lieu les 30 novembre et 1er décembre.
«J'espère qu'on pourra en discuter si on a l'occasion de s'entretenir avec le Président des États-Unis en Argentine.. J'ai l'impression que M.Trump a une attitude plutôt positive. Il faut trouver des points en commun, parvenir à un consensus aux États-Unis qui permettrait aux élites américaines de collaborer avec leurs partenaires», a indiqué M.Poutine lors du forum d'investissement La Russie appelle.
Le porte-parole du Président russe, Dmitri Peskov, a annoncé mercredi que le Kremlin se préparait à ces entretiens malgré la déclaration faite par M.Trump au quotidien The Washington Post et selon laquelle cette rencontre pourrait être annulée. M.Trump l'a déclaré suite à l'incident dans le détroit de Kertch.
«Les préparatifs sont en cours, on s'est mis d'accord de tenir une rencontre. Nous n'avons pas reçu d'autres informations de nos partenaires américains», a indiqué M.Peskov.
La Maison-Blanche avait précédemment annoncé que Donald Trump assisterait à des négociations bilatérales avec Vladimir Poutine à l'occasion du sommet du G20. Le Kremlin a confirmé cette information précisant que la date de la rencontre n'était pas encore fixée.
La 10e édition du forum d'investissements La Russie appelle (Russia Calling) qui se déroule à Moscou réunit les dirigeants du pays et les chefs de grandes entreprises russes et étrangères.