Illectronisme: les SilverGeek luttent contre la fracture numérique

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Si près d’un tiers des Français est touché par l’illectronisme, des associations s’évertuent à résorber cette fracture numérique chez les seniors. Sputnik a interrogé Jean-Pierre Lartige, président de SilverGeek, un projet qui vise à répondre à deux enjeux de taille: le bien-vieillir et l’inclusion numérique. Entretien.

L'«illectronisme» ou l'illettrisme numérique. C'est la nouvelle expression pour définir un phénomène relativement nouveau: l'incapacité à utiliser Internet. Avec l'omniprésence du numérique pour les achats en ligne, pour effectuer des démarches administratives (impôts, recherche d'emploi, etc.) ou pour rester en contact avec ses proches, une partie de la population se retrouve démunie face à ces nouveaux outils.

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Près d'un quart des Français serait concerné par cette situation. Un sondage réalisé par l'institut de sondage CSA (Consumet Science & Analytics) pour le Syndicat de la presse sociale mettait d'ailleurs en exergue ces difficultés. En effet, on apprenait que près de 32% des Français ont déjà renoncé à réaliser une démarche parce qu'il fallait utiliser Internet. Si la fracture numérique touche toutes les générations, les personnes âgées font partie des plus touchées.

Sputnik a interrogé Jean-Pierre Lartige, président de SilverGeek, un collectif réunissant des associations, entreprises et collectivités du Poitou-Charentes afin de répondre à deux enjeux majeurs: le bien-vieillir et l'inclusion numérique.

 

Sputnik: Comment expliquez-vous qu'une partie de la population soit laissée pour compte en matière de numérique?

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Jean-Pierre Lartige: «Il y a plusieurs façons d'aborder la "fracture numérique". Ce sujet a trop souvent été abordé par le biais de la connexion et par l'absence de réseaux haut débit ou très haut débit en téléphonie fixe ou mobile. Cet aspect est en cours de résolution, car plus de 80% de la population est déjà couverte. De plus, avec les annonces d'investissements des opérateurs privés et des collectivités, on a une cible [de déploiement de la fibre optique sur 100% du territoire, ndlr] à l'horizon 2025.

Cette vision technique de la fracture a fait que l'on a pris du retard pour aborder l'aspect "usage". En effet, on aurait pu s'intéresser plus rapidement aux usages de certaines parties de la population, je pense notamment aux seniors, aux personnes en rupture (femmes isolées, jeunes décrocheurs, handicapés…). La prise en charge de ces personnes a longtemps été laissée au monde associatif et donc gérée de façon différente en fonction des territoires. Or, de plus en plus de démarches, quasi obligatoires, se font désormais par Internet. L'État et les collectivités s'emparent un peu tard du sujet.»

Sputnik: comment peut-on remédier à cette situation?

Jean-Pierre Lartige: «L'accompagnement sur les usages est incontournable. Il faut faciliter le travail de tous les acteurs qui agissent en ce sens, en développant notamment la présence d'"ambassadeurs numériques" dans tous les accueils de services au public (publics ou privés). Il faut également prévoir des aides à l'équipement pour certaines personnes à très faibles revenus.

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Mais cela ne suffira pas. En effet, même avec des actions importantes, il restera toujours une fraction, certes minime de la population, mais qui ne saura pas faire. Il faut donc prévoir, pour eux, une solution de secours. Par exemple, il n'est pas choquant que dans les petites gares, il n'y ait plus de guichet, mais uniquement des robots pour prendre son billet. La solution de secours consisterait de permettre à la personne âgée ou handicapée qui ne peut accéder au robot ou n'en maîtrise pas l'usage, de pouvoir acheter son billet dans un café ou dans un commerce à proximité, ou de prendre son billet dans le train sans frais.»

Sputnik: Vous mettez en place des ateliers pour les seniors; quels sont les retours qu'ils vous font? Vous font-ils part de craintes, notamment sur une société qui privilégie de plus en plus le tout numérique?

Jean-Pierre Lartige: «Nos ateliers numériques s'appuient sur le ludique et l'intergénérationnel. Cela permet de lever beaucoup de freins et de craintes. L'arrivée de la tablette a supprimé beaucoup de blocage technique que provoquaient les ordinateurs. Les seniors, en général, appréhendent vite la tablette et développent leurs usages. Dans le premier bilan que nous avions fait, les exemples sont nombreux comme l'adoption de Skype ou de Facebook pour développer les relations avec petits-enfants ou arrière-petits-enfants à l'autre bout du monde.»

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Sputnik: Si le numérique peut parfois susciter des craintes, n'est-il pas, dans certains cas, un outil formidable?

Jean-Pierre Lartige: «Grâce à l'usage du numérique, les impacts sur la santé sont nombreux notamment sur l'équilibre grâce aux jeux vidéo, mais également sur la mémoire.

Par ailleurs, le travail sur tablette permet de replonger le senior dans son passé. Avec des recherches Internet qui le remmènent sur des lieux de son enfance (Google Street view) ou sur des activités de sa vie. Le contact numérique avec des membres de la famille éloignés joue aussi un rôle positif sur la mémoire.»

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