Aucun pays ne doit pouvoir couper l'accès d'un système de paiements international à tel ou tel État, a indiqué à Sputnik Steve Keen, économiste résidant à Londres, commentant la décision de la direction du réseau international de transactions interbancaires SWIFT de déconnecter de son système la Banque centrale d'Iran et d'autres organismes financiers iraniens, visés par les sanctions américaines.
«On n'aurait pas dû désigner le dollar à titre de monnaie de réserve. Il aurait fallu créer une devise supranationale — le bancor [une proposition d'étalon monétaire international, ndlr]. Certains pays commencent à y réfléchir. […] Il est temps de créer un système financier alternatif», a estimé l'interlocuteur de l'agence.
Et d'insister sur la nécessité urgente de réformer le secteur financier, réforme qui a été régulièrement reportée depuis 70 ans.
«Le fait que Donald Trump ait intimidé les dirigeants du réseau SWIFT et les a contraints à déconnecter l'Iran de son système a poussé le reste du monde à comprendre que "si l'Amérique pouvait le faire avec l'Iran, la même chose pourrait nous arriver un jour à nous. Il nous faut un système alternatif», a résumé l'interlocuteur de Sputnik.
Le SWIFT (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication) est un système interbancaire international de transfert d'information et de paiement. Plus de 11.000 institutions financières de 200 pays y sont connectées.
Le Président Donald Trump a annoncé, en mai dernier, le retrait des États-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien conclu en 2015, de même que le rétablissement des sanctions contre l'Iran, y compris celles qui touchent les pays commerçant avec Téhéran. Certaines de celles-ci ont été rétablies le 7 août dernier, tandis que d'autres sont entrées en vigueur ce lundi 5 novembre.
Washington a notamment porté plus de 700 personnes, entités, avions et navires iraniens sur sa liste noire. Parmi les entités concernées figurent 14 banques importantes. La Chine, la Corée du Sud, la Grèce, l'Inde, l'Italie, le Japon, la Turquie et Taïwan ont toutefois été provisoirement autorisés à acheter du pétrole iranien.