L'action du film «10 jours avant le mariage» se déroule en 2015 et en 2018, son histoire repose sur des faits réels et son tournage a eu lieu pendant la guerre, sous la menace permanente des bombardements et de pilonnages intenses, a déclaré à Sputnik Amr Gamal, réalisateur de ce long métrage nominé aux Oscars.
«Je ne suis jamais parti d'Aden, car il n'est pas dans mes principes de quitter mon pays. Je connais très bien toutes les souffrances des Yéménites en cette période et j'ai voulu en parler. […] Le film montre qu'à cause de la guerre, un rêve aussi simple et compréhensible que le mariage devient pratiquement irréalisable», a poursuivi l'interlocuteur de l'agence.
Et de raconter l'histoire de deux jeunes Yéménites dont l'union avait dû être reportée en 2015 à cause de la guerre. En 2018, le couple tente une nouvelle fois de se marier mais se heurte aux conséquences de la guerre, notamment la pauvreté, les assassinats et les affrontements sporadiques.
«J'ai demandé aux acteurs s'ils étaient prêts à tourner dans la rue où une roquette pourrait s'écraser à tout moment. Ils m'ont répondu qu'il était de loin plus dangereux de rester à la maison sans rien faire que de travailler dans la rue. Aussi, n'avons-nous pas arrêté le tournage même dans les périodes les plus dangereuses», s'est souvenu le cinéaste.
Selon ce dernier, son film, entièrement tourné au Yémen en temps de guerre, a été produit avec un budget estimé à 33.000 dollars seulement.
«Le tournage a duré quatre à cinq mois et rassemblait 48 acteurs qu'il fallait rémunérer, mais beaucoup d'entre eux ont travaillé gratuitement, ce qui nous a permis de tout faire», a continué M.Gamal.
«10 jours avant le mariage» est l'un des rares films yéménites produits ces deux dernières décennies. Cette réalisation d'Amr Gamal a été appréciée du public qui a renoué, dirait-on, avec le plaisir du cinéma.
«Aden manque de salles de cinéma, dont beaucoup ont été détruites ou endommagées par la guerre. Pourtant, les spectateurs sont venus, 50.000 billets ont été vendus pour mon film, alors que les gens sont cruellement à court d'argent», a constaté le Yéménite.
Il s'est adressé à tous les jeunes qui doutent de leurs forces:
«Je veux dire aux jeunes réalisateurs arabes: nous avons pu tourner un intéressant film à succès sur la guerre et pendant la guerre et ce sans argent ni soutien ni de l'État ni de l'industrie cinématographique. Envers et contre tout, nous avons réussi à faire un grand travail. Cela signifie que vous pourrez le faire également.»
Amr Gamal a déclaré en amont, dans une interview, que c'est pour beaucoup grâce aux habitants d'Aden que son film a été rendu possible. Selon le réalisateur, en voyant les caméras et les acteurs dans les rues, les gens leur apportaient de l'eau, les encourageaient et, dans certains cas, proposaient gratuitement leurs magasins ou leurs maisons pour le tournage.