Un document de six pages de la Direction Générale de la Sécurité Intérieure française (DGSI) en dit long sur les pratiques américaines en matière d'espionnage industriel. Daté du 12 avril dernier et destiné à éclairer l'exécutif, il se présente comme un «panorama des ingérences économiques américaines en France», selon Le Figaro qui en a pris connaissance.
«Les acteurs américains déploient une stratégie de conquête des marchés à l'export qui se traduit, à l'égard de la France en particulier, par une politique offensive en faveur de leurs intérêts économiques», écrivent les analystes de la DGSI.
Petites ou grandes, aucune entreprise n'y échappe. Toujours d'après les analystes du renseignement français, «les secteurs ciblés correspondent à des domaines d'avenir présentés de longue date comme stratégiques par les autorités américaines, dont l'aéronautique, la santé et plus généralement le monde de la recherche».
L'aéronautique est le secteur industriel qui retient particulièrement l'attention des services américains. Airbus est l'entreprise qui les intéresse le plus: «Dans un contexte très concurrentiel, où les États-Unis se prêtent à des manœuvres pour favoriser Boeing sur des marchés prometteurs, le groupe Airbus connaît des difficultés conjoncturelles depuis quelques années ».
Garder un œil sur son ennemi, ou carrément lui mettre la main dessus. Afin d'écarter de potentielles sociétés concurrentes, ces « acteurs » proposent des financements ou en prennent le contrôle par des fonds américains: «les PME ne se sont pas suffisamment armées et les grands groupes français semblent également vulnérables, privilégiant des stratégies de repli et d'évitement afin de ne pas s'exposer».
D'après un préfet, cité par Le Figaro: «les Américains coopèrent très fortement avec la France et les services alliés au niveau opérationnel contre le terrorisme islamique et l'espionnage chinois ou russe, mais 60 % de leur activité reste centrée sur la recherche de renseignements stratégiques. Tous les moyens sont bons pour faire vivre leur patriotisme économique.