Le quotidien Izvestia a interrogé les habitants du mochav (village) de Nativ HaAsara, situé à seulement 200 mètres du mur frontalier. Suzi, fermière de Nativ HaAsara à la frontière d'Israël et de la bande de Gaza, sourit en montrant un mur blanc, derrière lequel se trouve un abri où les habitants de la colonie ont passé plus d'une heure pendant les derniers bombardements, décrit Izvestia. Il fait frais à l'intérieur. La pièce, qui peut accueillir 40-50 personnes, sent le café. On entend le bruit de l'air conditionné. L'abri n'a pas de fenêtres. Dehors: l'hiver israélien et ses +28°C. «Il s'agit de l'un des nombreux abris dispersés dans le mochav, précise Suzi. Ce sont les écoliers qui ont choisi son aspect en le décorant comme ils le souhaitaient». Dans le mochav, les abris sont gratuits, alors qu'à Tel-Aviv il faut débourser près de 20 shekels pour une heure de sécurité.
«On peut dire que nous sommes la Silicon Valley des semences, sourit Suzi. Par exemple, des clients norvégiens arrivent et disent qu'ils ont besoin de tomates qui peuvent être cultivées dans le Nord avec une humidité élevée et un minimum de soleil. Nous répondons qu'ils pourront revenir chercher ces semences dans sept ou huit ans. Et ils reviennent récupérer leur sorte spéciale créée selon les conditions exigées. Les tomates cultivées en Norvège ne donneront pas de graines: il est bénéfique pour nous que le client revienne en acheter dans un an.»
«En 2014, quelques mois avant le début de la guerre de juin contre le Hamas, des roquettes ont commencé à tomber sur nous. Trois ou quatre par jour. Une première roquette tombait et c'est seulement ensuite que l'alerte était donnée. En l'espace de quelques mois, la plupart des jeunes ont quitté le mochav — et je les comprends. Tu y réfléchis à deux fois avant d'aller chercher du pain», témoigne Suzi.
Jusqu'en 2005, c'est-à-dire avant l'arrivée au pouvoir du Hamas à Gaza, les Israéliens vivaient en bons termes avec les Palestiniens. Ils travaillaient ensemble à la ferme et c'était bénéfique. A présent, le recrutement d'étrangers, par exemple de Thaïlande, coûte cher: il faut prendre en charge leur assurance médicale et d'autres dépenses.
«C'était bien plus simple avec les Palestiniens, ils connaissent bien ces terres», regrette Suzi en pointant le mur avec du fil barbelé et des tours. «Désormais, un mur de 9 mètres nous sépare.»
Nous nous disons au revoir et partons le long de la frontière. Le surlendemain de notre visite à Nativ HaAsara, des rebelles palestiniens mettront le feu à la serre où étaient cultivées les semences uniques.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.