«Nos intérêts commerciaux dans la région sont assez importants. La décision politique du transfert de notre ambassade peut nuire aux relations économiques et commerciales du Brésil avec les pays arabes», a indiqué M.Cardoso.
Selon le ministère brésilien du Développement, de l'Industrie et du Commerce extérieur (MDIC), en octobre 2018, l'excédent commercial du Brésil avec les membres de la Ligue arabe était de 3,1 milliards de dollars, alors que le déficit commercial avec Israël était de 647,4 millions de dollars. Au cours de la période comprise entre janvier et octobre 2018, ces pays ont importé des produits brésiliens, notamment de la viande halal et du minerai de fer, pour un total de 9,3 milliards de dollars.
«Ces relations [avec les pays arabes, ndlr] ont été établies sur une longue période. Le premier contrat de livraison de poulet brésilien au Proche-Orient a été signé en 1979. Depuis, nous avons beaucoup travaillé sur l'image du Brésil comme celle d'un pays étant un partenaire fiable. […] Nous l'avons formée pendant des décennies», a souligné M.Cardoso.
Arlando Cardoso est également sûr que le transfert de l'ambassade brésilienne de Tel Aviv à Jérusalem ne permettra pas de favoriser le commerce avec l'État hébreu, avec lequel le Brésil a déjà l'accord de libre-échange.
«Si nous examinons le volume de nos exportations vers Israël, même en tenant compte de taxes et de droits de douane réduits, il sera moindre que celui de nos exportations vers les pays arabes», a souligné l'expert.
Ainsi, l'idée de Jair Bolsonaro s'explique par des considérations politiques. Le rapprochement du Brésil et d'Israël peut être motivé par l'orientation de Brasilia à la politique menée par Washingtod, allié traditionnel de l'État hébreu, estime le politologue. Néanmoins, le rapprochement avec les États-Unis ne serait pas bénéfique pour le Brésil.
«Cette année, les indicateurs des domaines principaux de production et de commerce du Brésil ne seront pas impressionnants à cause des restrictions imposées par le gouvernement américain. Il suffit d'examiner la production d'acier et d'aluminium. Cette année, l'exportation de ces produits aux États-Unis diminuera considérablement», a expliqué M.Cardoso.
«Cela me semble inconsidéré. […] Je ne pense pas que la déclaration [de M.Bolsanaro, ndlr] a été dictée par le bon sens. […] Chaque mot est essentiel dans la diplomatie. Il est également important de faire attention à ses paroles. Il semble que le Président élu ne le sache pas», a conclu l'interlocuteur de Sputnik.
Le 2 novembre, Jair Bolsonaro, souvent surnommé le «Trump des Tropiques» à cause de ses idées politiques, a annoncé sur son compte Twitter sa décision de transférer l'ambassade du Brésil en Israël de Tel Aviv à Jérusalem.
En décembre 2017, Donald Trump avait rompu avec ses prédécesseurs, reconnaissant Jérusalem comme capitale de l'État hébreu, et le 14 mai dernier, l'ambassade américaine a déménagé de Tel Aviv à Jérusalem. Dans la foulée des États-Unis, plusieurs pays d'Amérique latine ont annoncé eux aussi le transfert de leurs missions diplomatiques. Le Paraguay a même suivi l'exemple avant de décider quelques mois plus tard le retour de sa représentation diplomatique à Tel Aviv.